Commentaire de la première lecture du 6e dimanche de Pâques, 5 mai 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la première lecture du 6e dimanche de Pâques, 5 mai 2024, année B

Actes des Apôtres, 10,25-26.34-35.44-48

Commentaire de la première lecture du 6e dimanche de Pâques, 5 mai 2024

 Actes des Apôtres, 10,25-26.34-35.44-48

 

Dans ce temps de Pâques, les premières lectures tirées du livre des Actes des Apôtres nous donnent à voir les questions qui se posent à la jeune communauté judéo-chrétienne. Le texte de ce jour aborde celle de l’admission des païens dans l’Eglise, à travers le récit de la rencontre entre Simon-Pierre et Corneille, un centurion de l’armée romaine.

 

Lecture du texte

Le texte que nous venons d’entendre est composé d’extraits du long récit (Ac 10,1 ;11,18) de la conversion de Corneille et des siens. Il commence lorsque Pierre arrive à Césarée chez Corneille. Cette rencontre, qui aujourd’hui peut nous paraitre naturelle, est un évènement présenté par Luc comme préparé par Dieu lui-même.

En effet avant cette rencontre, Corneille reçoit la visite d’un ange qui lui dit que Dieu agrée ses prières et lui commande d’aller chercher Pierre qui est à Joppé ; et Pierre a une vision qui lui permet de comprendre qu’il peut sans scrupules accueillir ces païens, qui selon la Loi sont impurs et ne peuvent être fréquentés par les Juifs.

 

Que se passe-t-il durant cette rencontre ?

Les extraits choisis ont retenu 3 moments importants.

Les v 25-26 donnent à voir l’accueil de Corneille, qui associe la venue de Pierre à la révélation divine qu’il a reçue, et qui se prosterne devant Pierre comme s’il était un être céleste. « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi » : Pierre se défend d’un pareil hommage réservé à Dieu, comme il l’a fait après le miracle de l’infirme de la belle porte (Ac 3,12). Il se situe sur un pied d’égalité avec le centurion.

Les v 34-35 ouvrent le discours que Pierre adresse à la nombreuse assistance qui est venue chez Corneille pour l’écouter. Ils disent la certitude qui habite Pierre après la vision qu’il a eue : Dieu ne tient pas compte de l’appartenance nationale ou de la situation sociale ; il accueille tous ceux « qui craignent Dieu et dont les œuvres sont justes. ». Ce qui rend agréable à Dieu ce n’est pas la pureté rituelle mais la foi en Lui et la recherche d’une vie ajustée à Lui. Dans son discours, Pierre va annoncer l’évènement qu’est la venue de Jésus, sa mort et sa résurrection. Ce salut donné par Jésus-Christ est donc offert à tous ; il n’est plus nécessaire de faire partie du peuple d’Israël. Car, comme il le dira à l’Assemblée de Jérusalem (Ac 15,9), c’est la foi au Christ qui purifie les cœurs des Juifs comme des païens.

Et voilà qu’à la fin de son discours, se produit un évènement que relatent les v. 44-48 : la venue de l’Esprit Saint sur ces païens. Cette effusion de l’Esprit Saint n’est pas sans rappeler le récit de la Pentecôte (Ac 2) puisque « on les entendait parler en langues et chanter la gloire de Dieu. ». Au v. 47, Pierre le confirme en constatant : « Quelqu’un peut-il refuser le baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? ».

 

Quelles sont les conséquences de cette rencontre de Césarée ?

La conséquence directe est donnée au v 48 : ce sont les premiers baptêmes de païens. Avec cette « Pentecôte des nations païennes », l’universalisme de Pentecôte est réactualisé et cela oriente l’Eglise naissante vers l’annonce d’un salut universel en Jésus-Christ : les promesses faites au peuple élu peuvent atteindre ceux qu’on appelait les Gentils, ou païens. La promesse d’une effusion de l’Esprit « sur toute chair », annoncée par le prophète Joël, s’accomplit et le salut en Jésus-Christ doit être proclamé à toutes les nations. La mission s’élargit jusqu’aux extrémités de la terre.

L’église judéo chrétienne de Jérusalem salue cet évènement. Cependant certains de ses membres interprètent cet évènement comme une exception. Les juifs devenus chrétiens n’abandonnaient pas pour autant les pratiques du judaïsme et certains, à Antioche, voudront imposer la circoncision et la loi aux Grecs convertis. A l’Assemblée de Jérusalem réunie pour résoudre ce litige, le témoignage de Pierre, s’appuyant sur son expérience à Césarée, emportera la décision : inutile de leur imposer les prescriptions de la Loi, c’est bien par la foi et la grâce du Seigneur Jésus que les chrétiens sont sauvés et uniquement. Aujourd’hui il est bon de réentendre que le salut en Jésus-Christ est pour tous, à une époque où l’Eglise, devenue minoritaire, a la tentation de se replier sur elle-même. Cette Bonne nouvelle n’est pas réservée à quelques-uns mais concerne toute l’humanité. C’est pourquoi le pape François invite à être une Eglise « en sortie », en dialogue avec toutes les cultures.

La volonté divine de sauver tous les hommes et de les rassembler au sein d’une création nouvelle est de toujours, comme en témoigne le psaume 97 : « Le Seigneur a fait connaitre sa victoire et révélé sa justice aux nations » « la terre entière a vu la victoire de notre Dieu ». Nous pouvons prier avec les mots du psaume pour que cette victoire, réalisée en Christ, trouve la plénitude de son accomplissement.

Psaume 97

 

M-E Courmont