Les abus dans l'Église — Diocèse de Bourges

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Les abus dans l'Église

Déclaration de Mgr Jérôme Beau après la publication du rapport de la CIASE.

Nous venons de recevoir le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (CIASE). Cette commission était chargée d’établir les faits intervenus depuis 1950, d’analyser les raisons qui expliquent la manière dont ces affaires ont été traitées, et de nous faire des recommandations pour l’avenir. Le résultat est d’une ampleur terrible. Les chiffres sont accablants : environ 3 000 clercs coupables d’abus (2,8 %) et 216 000 victimes de clercs ou religieux (chiffre établi à partir d’une enquête INSERM sur un échantillon de 28 000 personnes majeures). 

Bouleversés et honteux par la découverte de l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Église, c’est à nous de porter la Vérité avec la détermination de rendre notre maison sûre. Il nous faut remercier les victimes qui nous ont permis d’être confrontés à ce scandale et la commission de la CIASE pour son travail.

Aujourd’hui, c’est à nous tous de travailler à reconstruire des relations de confiance et de réfléchir à nos modes de relations. Les évêques vont travailler les 45 recommandations que la CIASE nous adresse afin que ce travail soit la première étape d’un renouvellement. Il y a urgence à mettre en œuvre certaines recommandations.

Tout d’abord, il nous faut reconnaitre, comme Eglise, notre responsabilité. Au cours de ces dernières années, nous n’avons pas su écouter la parole des victimes et prendre les décisions nécessaires à l’exercice de notre mission.  Notre engagement financier en vue d’une juste réparation sera nécessaire, non pas comme un don mais comme un dû à ceux qui ont subi notre indifférence. Le denier de l’Église ne devra pas servir à cela, mais il nous faudra trouver des solutions.

Il est aussi nécessaire de créer rapidement un tribunal canonique national. Comme le souligne le rapport Sauvé, il n’est pas possible que l’Evêque soit à la fois juge et partie prenante de la fraternité sacerdotale. Une séparation des pouvoirs de gouvernance et de justice me semble nécessaire. Cela devrait être fait d’ici le début de l’année 2022. Il nous faut aussi noter que, désormais et depuis quelques années, toute révélation vraisemblable d’atteinte sur mineur donne lieu à un signalement au procureur et que nous pouvons demander à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi la levée de la prescription canonique afin que des faits prescrits (notamment du point de vue de la justice civile) soient malgré tout jugés et donnent lieu à des sanctions canoniques.

La question de la gouvernance dans l’Eglise comme celle de la place du prêtre dans nos communautés devront être retravaillées. La dimension synodale n’a pas encore trouvé sa juste place dans nos communautés comme dans la gouvernance du diocèse. Il est urgent de réfléchir à la mission comme à notre fonctionnement.

De nombreuses autres questions se posent. Nous ne devons pas passer à côté de ce moment crucial de notre histoire.
Ensemble, nous avons découvert un visage de notre Eglise que nous ne soupçonnions pas. Ces faits sont indéniables et il nous faut les regarder en face. Chaque personne victime est une vie détruite.  Les faits sont d’autant plus graves qu’ils touchent la vie spirituelle et le sanctuaire de la conscience humaine.

Devant vous, il me faut et avec tous les prêtres, demander pardon à toutes les victimes. Nous aurons à travailler ensemble à reconstruire notre Eglise comme une maison sûre.

Je sais aussi combien les prêtres fidèles à leur mission et à leurs engagements sont honteux de cette situation. Qu’ils soient encouragés à continuer à avancer dans leur vie en étant renouvelés dans leur enracinement en Jésus Christ et dans leur vie de prière.

En vous assurant de ma prière. Que le Seigneur donne la force à chacun de s’engager résolument dans la reconstruction de l’avenir. Que Dieu nous vienne en aide et donne à chacun d’avancer dans la foi, l’Espérance et la charité.


Mgr Jérôme BEAU
Archevêque de Bourges
Le 6 octobre 2021