Commentaire de la première lecture du dimanche de l'Epiphanie du Seigneur, 7 janvier 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la première lecture du dimanche de l'Epiphanie du Seigneur, 7 janvier 2024, année B

Is 60,1-6

RCF en Berry, La Bible à plusieurs voix

Commentaire de la 1ère lecture du dimanche de l’Epiphanie du Seigneur

7 janvier 2024, année B

Is 60,1-6

 

Lecture du texte

« Les rois marcheront vers la clarté de ton aurore » … « les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi » … « En grand nombre, des chameaux t’envahiront » … « tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens. » Ce discours que le prophète adresse à Jérusalem nous rappelle, en amont, l’épisode de la reine de Saba venue voir le roi Salomon, et en aval le récit évangélique de la venue des mages à Bethléem, selon saint Matthieu, qui est l’évangile d’aujourd’hui.

Commençons par la reine de Saba

Cet épisode fait partie du livre des Rois (1 Rois 10) considéré par les juifs comme prophétique. Il rapporte une légende qui peut avoir un arrière-fond historique, concernant les échanges commerciaux entre Salomon et un royaume du sud de l’Arabie. La reine de Saba serait venue vérifier par elle-même la réputation de sagesse du roi Salomon. Elle arrive de façon royale, entourée d’une grande suite, avec « des chameaux chargés d’aromates, d’or en grande quantité et de pierres précieuses » (1 Rois 10,2) Les chameaux sont inséparables des nomades du désert et du commerce caravanier. Salomon éblouit la reine par ses réponses aux énigmes qu’elle lui propose et par la splendeur de ses biens. Ils échangent des cadeaux inouïs.

Un roi, une reine, des richesses, de la sagesse, nous sommes en plein conte. Revenons maintenant au chapitre 60 d’Isaïe.

On distingue trois parties d’époques différentes dans ce rouleau biblique. Le troisième Isaïe vivait, semble-t-il, à la fin du 6ème siècle avant notre ère, alors que le retour d’exil était en cours et le prophète à Jérusalem. A peine commencée, la reconstruction du Temple s’était interrompue ; seul l’autel était rétabli, donnant lieu à un culte sommaire. Les Juifs étaient divisés et en manque d’espérance. C’était tellement mieux avant l’exil !

Le prophète a pour tâche de favoriser leur unité par la vision d’un avenir rayonnant. Dans le tableau qu’il dresse, il montre le retour d’exil comme un grand rassemblement familial, dont la mère est la ville de Jérusalem personnifiée : « Ils viennent vers toi ; tes fils reviennent de loin et tes filles sont portées sur la hanche. » Le prophète évoque en poète les émotions extrêmes de cette femme qui voit revenir ses enfants : « Alors tu verras, tu seras radieuse, ton cœur frémira et se dilatera. »

En même temps que le retour d’exil, Isaïe prophétise le rassemblement de tous les peuples à Jérusalem. C’est là qu’on retrouve l’épisode antérieur de la reine de Saba. Comme la reine de Saba a marché vers Jérusalem et le sage roi Salomon, les rois et les peuples « marcheront vers la lumière de Jérusalem ». Comme la reine de Saba apportait des cadeaux précieux à Salomon, « les trésors d’au-delà des mers afflueront vers toi, vers toi viendront les richesses des nations. » Isaïe reprend même les chameaux du livre des Rois : « En grand nombre, des chameaux t’envahiront. » La provenance est la même, les cadeaux différents. Ils préfigurent le récit évangélique de Matthieu. On lit chez Isaïe : « Tous les gens de Saba viendront, apportant l’or et l’encens. »

Quelle est la place de Dieu dans la prophétie d’Isaïe ?

Dans le poème d’Isaïe, il ne s’agit plus de vanter la sagesse du roi Salomon, mais de chanter les exploits du Seigneur, qui fait revenir son peuple et lui ouvre un avenir, un salut. Aux difficultés vécues alors par Israël, Isaïe oppose la transformation des ténèbres en lumière, qui illumine la ville :

« Debout, Jérusalem, resplendis !

Elle est venue ta lumière

Et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. »

Cette lumière vient de Dieu représenté comme un astre ascendant, à la fois salut pour Israël et avenir des nations. La capitale religieuse du monde devrait à son tour répandre la lumière qui lui vient du Seigneur.

Nous voici maintenant à pied d’œuvre pour mieux comprendre la symbolique de saint Matthieu racontant la venue des mages.

En tant qu’astrologues, sages guidés par les astres, les mages sont du côté de Salomon. En qualité d’étrangers voyageurs, ils sont du côté de la reine de Saba ; ils viennent dans le même arroi qu’elle, chameaux, richesses, présents. Mais leur destination n’est plus Jérusalem. Ils ne vont pas s’incliner devant un faux roi, le cruel Hérode qui veut tuer le Messie, mais à Bethléhem en Judée, devant un nouveau-né qu’ils désignent comme « le roi des juifs ».

 

Le splendide psaume 71 et son refrain correspondent bien à ce que nous fêtons aujourd’hui. C’est un psaume royal et messianique, énumérant les qualités du roi d’Israël idéal, dont le modèle suprême est Jésus lui-même.

Lecture du psaume 71.

 

Jacqueline Avrin