Commentaire de la première lecture du 5e dimanche de Carême, 17 mars 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la première lecture du 5e dimanche de Carême, 17 mars 2024, année B

Jr 31, 31-34

Commentaire de la 1ère lecture du 5ème dimanche de Carême, année B

17 mars 2024 -  Jr 31, 31-34

 

Le prophète Jérémie est connu par ses « confessions » qui lui ont donné une réputation de prophète, sensible, plutôt malheureux et tourmenté par rapport à la mission. Or ce prophète n’a pas émis que des lamentations ou des oracles de malheur. S’il est vrai qu’il avait annoncé le danger venant de Babylone, lorsque la catastrophe de la destruction de Jérusalem en 587 av JC  est là et que ses habitants sont déportés, il va les réconforter. Alors que  tout espoir semble interdit, il leur annonce une nouvelle Alliance plus belle que la première.

 

Lecture du texte

Le texte de ce jour  tourne les exilés vers l’avenir : « Voici des jours » v 31. Cette annonce n’est pas précise au niveau du temps  mais  elle affirme que Dieu n’abandonne pas son peuple et qu’il va faire du neuf.

Si Dieu  fait du neuf, c’est  que l’Alliance annoncée par Jérémie sera différente de la première, celle qui est évoquée au v32 : l’alliance conclue avec Moïse au Sinaï après la sortie d’Egypte dont le récit est donné dans le livre de l’Exode. Cette première alliance auquel le peuple n’a pas été fidèle.

 

En quoi cette alliance annoncée par Jérémie va-t-elle être nouvelle ?

L’objet de l’alliance est bien le même et se traduit par ses mots : « Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.» (v 33b) ; c’est une alliance communautaire.  Mais alors qu’au  Sinaï  les 10 paroles de vie pour cette alliance sont gravées sur des tables de pierres, dans la nouvelle alliance, la Loi sera gravée dans les cœurs : « Je mettrais ma Loi au plus profond d’eux-mêmes » (v33a). Les paroles de Dieu seront désormais communiquées au plus intime de chacun ; intériorité de l’alliance qui est personnelle et communautaire.

Conséquence de cela : « Tous me connaitront des plus petits au plus grands. » (v 34a) Alors qu’au Sinaï, c’est par l’intermédiaire de Moïse que le peuple pouvait entendre les paroles de Dieu, dans la nouvelle alliance chacun a accès à la connaissance de Dieu. Connaissance au sens fort, qui n’est pas une connaissance intellectuelle mais une connaissance du cœur.

Enfin dernière nouveauté qui n’est pas des moindres, le péché du peuple ne remettra pas en cause cette alliance car Dieu promet son pardon : « Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés » (v 34 b). La nouvelle alliance n’est plus conditionnée à l’obéissance du peuple ; Dieu a l’initiative et son alliance est éternelle.

Comment cette alliance annoncée par Jérémie va-t-elle être comprise ?

L’annonce faite par Jérémie va réconforter les déportés ; le Seigneur demeure avec eux, même s’ils n’ont plus de terre, de roi, ni de Temple. D’autres prophètes, Ezéchiel, le 2nd Isaïe vont se lever et parler de cette alliance nouvelle durant l’exil. Le prophète Ezéchiel en particulier va annoncer que la Gloire de Dieu n’est pas liée à Jérusalem et à son temple mais réside au milieu des exilés. C’est lui qui affirme : «  je mettrai en vous un cœur pur… j’enlèverai de votre corps le cœur de pierre et je vous donnerai un coeur de chair. Je mettrai en vous mon propre esprit, je vous ferai marcher selon mes lois… » (Ez 36 26-27).

Après l’exil, la question de la reconstruction du Temple va se poser ; les prophètes vont l’encourager mais vont aussi appeler à la conversion pour rebâtir la communauté et pour que le culte ne soit pas qu’un rite extérieur.

Mais c’est avec Jésus que s’accomplit cette « nouvelle alliance ». Au moment où il va donner sa vie pour le salut du monde, Jésus reprend l’expression empruntée à Jérémie. Pendant la Cène telle que la rapportent Luc et Paul, il prononce ces paroles : « Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang… » (Lc 22, 20 et 1 Co 11,25).

L’auteur de la lettre aux Hébreux, prendra appui sur le texte de Jérémie pour présenter le Christ comme « le médiateur d’une bien meilleure alliance » (He 8,6). Cette  nouvelle alliance, scellée dans le sang, non pas le sang des animaux comme dans la première alliance, mais dans le sang du Christ, versé pour le pardon des péchés.

C’est pourquoi les premiers chrétiens ont donné à l’oeuvre du Christ et aux écrits qui s’y rapportent le nom de « Nouvelle Alliance », devenue en latin « Nouveau Testament ».

 

Aujourd’hui, en ce dernier dimanche de Carême, en nous appuyant sur la nouvelle alliance en Jésus-Christ, qui ne se réalisera pleinement qu’à la fin des temps, nous pouvons faire nôtres les mots du psalmiste : « selon ta grande miséricorde, efface mon péché » « Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi ton esprit »« Rends- moi la joie d’être sauvé ».

 

Lecture du Psaume 50

M-E Courmont