Commentaire de la première lecture du 5e dimanche de Pâques, 28 avril 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la première lecture du 5e dimanche de Pâques, 28 avril 2024, année B

Ac 9,26-31 : Paul à Jérusalem

Commentaire de la 1ère lecture du 5e dimanche de Pâques, 28 avril 2024

Ac 9,26-31 : Paul à Jérusalem

 

Quelques années après la mort de Jésus de Nazareth, le juif Saul de Tarse, plus connu sous le nom gréco-romain de Paul, avait obtenu des autorités religieuses juives de Jérusalem, de se rendre à Damas pour y arrêter des membres de la jeune église chrétienne qui s’y développait. Auparavant, selon les Actes des Apôtres, on l’avait vu assister au martyre par lapidation du jeune diacre Etienne : « Les témoins avaient posé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. » (Ac 7,58) « Saul, lui, était de ceux qui approuvaient ce meurtre. » (8,1) Une violente persécution commença à ce moment contre les disciples de Jésus et Saul se mit à « ravager l’Eglise » de Jérusalem. (8,3) Or, sur la route le menant à Damas, il eut une vision du Christ ressuscité, fut conduit à Damas, catéchisé par les chrétiens de là-bas et baptisé. Il était converti au Christ ! Il commença immédiatement à proclamer dans les synagogues que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu.

Stupéfaits par ce retournement, les juifs de Damas cherchèrent à le tuer, si bien que les chrétiens l’aidèrent à fuir de nuit par-dessus les remparts de la cité. Un temps assez long s’écoule avant qu’il ne revienne à Jérusalem, où il se comporte en chrétien actif alors que les disciples de Jésus le craignent encore comme un redoutable persécuteur.

 

C’est là que commence la première lecture. Ac 9,26-31

Ce séjour dans la Ville du Temple, où il a reçu sa formation d’Israélite, de rabbin spécialisé dans les Ecritures, est particulièrement difficile pour Saül. D’abord, la communauté chrétienne le fuit ; il leur faut un temps d’adaptation et c’est le fameux Barnabé qui l’introduit auprès des chefs de l’Eglise de Jérusalem, les Douze.

Qui est Barnabé ?

On le rencontre pour la première fois au chapitre 4 des Actes, où il est question de la mise en commun possible des biens personnels, dans la 1ère communauté chrétienne. : « Joseph, surnommé Barnabas par les apôtres, - ce qui signifie l’homme du réconfort – possédait un champ. C’était un lévite, originaire de Chypre. Il vendit son champ, en apporta le montant et le déposa aux pieds des apôtres. » (Ac 4,36-37) Son surnom, littéralement « fils de consolation », désigne un homme bienfaisant, altruiste. Il rendit de très grands services à l’Eglise naissante comme missionnaire, organisateur, homme de foi.

Dans notre texte, c’est lui qui discerne la valeur de Saul et le soutient auprès des Douze, accordant du crédit à sa rencontre avec le Christ et à ses débuts missionnaires en Syrie : « sur la route, Saul avait vu le Seigneur qui lui avait parlé (…), à Damas, il s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus. » (Ac 9,27)

Arrêtons-nous sur ce mot, assurance, parrèsia en grec. L’assurance caractérise la prédication apostolique, même dans les situations difficiles. Elle est intérieure et extérieure car fondée sur le Seigneur dont la présence se manifeste par les signes et miracles réalisés par le prédicateur. Elle est un aspect de la foi. Paul retrouve l’assurance à Jérusalem, une fois qu’il est en communion avec les Douze et les disciples. Il passe son temps à prêcher, semble-t-il.

Pourquoi la prédication de Saul échoue-t-elle finalement à Jérusalem ?

Il rencontre le même obstacle qu’à Damas, l’hostilité de certains juifs fermés au message chrétien. Ce sera fréquent à l’avenir dans de nombreuses cités où Saul tentera une mission.

Né à Tarse en Cilicie, Saul parlait le grec. Il n’est pas étonnant que ses interlocuteurs soient ici des juifs de langue grecque appelés Hellénistes. Originaires de la diaspora, ils habitaient la ville prestigieuse de Jérusalem, espéraient y avoir leur sépulture et se réunissaient dans des synagogues où on parlait grec. Leurs propos devaient porter sur l’identité de Jésus. Dire qu’il était le Messie, cela pouvait paraître blasphématoire à un juif. « Eux cherchaient à le faire périr. », comme à Damas. « Les frères l’ayant appris le conduisirent à Césarée et de là le firent partir sur Tarse. » (v.30)

C’est plus tard que le nom hébraïque Saul s’effaça derrière le nom grec puis latin de Paul. Revenu à Tarse, on ne sait pas ce qu’il fit pendant dix ans environ. C’est le même Barnabé qui alla alors l’y chercher pour l’amener à Antioche sur l’Oronte, en Syrie, où la mission chrétienne se développait merveilleusement : il fallait des catéchistes ! C’est dans cette ville que les disciples furent appelés chrétiens pour la première fois.

Dans le dernier verset de notre texte, le nom église porte une majuscule. Pourquoi ?

Les manuscrits contenant le Nouveau Testament ne distinguent pas majuscule et minuscule. C’est pour rendre service aux lecteurs français contemporains qu’on met une majuscule et le singulier pour désigner le peuple de Dieu dans son ensemble. Dans l’Antiquité, chaque communauté chrétienne organisée et distincte était une église, en communion avec les autres. On disait par exemple l’église de Corinthe, de Rome, d’Ephèse… Dans ce passage des Actes, on a mis une majuscule parce que l’auteur saint Luc considère les différentes communautés de Palestine à travers la Galilée, la Samarie et la Judée. C’est un cas unique dans les Actes des Apôtres.

Relisons le verset 31 :

Il s’agit d’un petit résumé de la situation. L’auteur indique l’extension géographique de l’évangélisation à cette époque. L’Eglise vit en paix et s’étend rapidement, dans la foi, « réconfortée par l’Esprit Saint ». Vision idyllique des premiers temps ? Mais on a vu que les difficultés ne manquaient pas et il fallait du réconfort venu d’en haut et d’hommes providentiels comme Paul ou Barnabé.

Jacqueline Avrin