Commentaire de la 1ère lecture du 1er dimanche de Carême, 18 février 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la 1ère lecture du 1er dimanche de Carême, 18 février 2024, année B

Gn 9, 8-15

RCF en Berry - La Bible à plusieurs voix - Année B

Commentaire de la 1ère lecture du 1er dimanche de Carême

18 février 2024

Gn 9, 8-15

 

Période de 40 jours, le Carême évoque la durée de la grande épreuve de Jésus au désert, avant le début de sa mission publique. La liturgie a été composée pour l'instruction et la formation des catéchumènes qui seront appelés à un pas décisif le Ier dimanche et seront baptisés à la vigile pascale. Nous nous réjouissons du grand nombre de ces catéchumènes cette année dans notre diocèse de Bourge.

Pour tous les fidèles, en union avec les catéchumènes, ce doit être un temps de vérification et de mise au point. Le mot d'ordre nous est donné le jour des Cendres : Convertissez-vous et croyez à l'Evangile. Se convertir, au sens de « se tourner vers ». Où en sommes-nous dans notre vie de baptisés ? Qu'est-ce que le Seigneur nous demande ?

Le thème des deux premiers dimanches est toujours le même : l'épreuve du Christ au désert et la transfiguration comme anticipation de la Résurrection. En chacun des dimanches de Carême il n'y a pas de correspondance entre les premières lectures et l'évangile. Le parcours d'Ancien Testament a sa valeur propre, évoquant les grandes étapes de l'histoire du salut. En l'année B, tout commence par l'Alliance de Dieu avec Noé et sa descendance, après le déluge. Le cycle se termine avec la nouvelle Alliance annoncée par Jérémie et réalisée par le Christ. D'une Alliance à l'autre, tel est donc le fil conducteur pour notre Carême.

Venons-en maintenant au texte du jour. GENESE 9, 8-15

Du point de vue littéraire, le récit du Déluge se rattache aux traditions mésopotamiennes. Par contre, au plan théologique, il s'en distingue très nettement. Selon l'épopée Enumah Elish, qui était lue le 1er jour de l’an, tout part d'un caprice des dieux. Averti en secret, Uta Naphistim construit une arche pour sa famille. A la fin du cataclysme, il sera divinisé. Dans la Bible, le déluge est motivé par la violence généralisée des hommes. Seul y échappe Noé le juste. Une colombe lui annoncera la décrue des eaux. C'est ici que le récit biblique innove de façon décisive.

Lecture du texte

 

De quelle alliance s'agit-il ?

A la sortie de l'arche, Noé reçoit la même bénédiction qu'Adam et Eve : « Soyez féconds et remplissez la terre. » Ainsi s'ouvre une nouvelle étape ! la Re-création d'un monde nouveau. L'originalité par rapport à la première bénédiction, c'est l'introduction d’un terme consacré pour l'Alliance, berit, 5 fois employé en notre texte. Ce terme offre une clef pour la théologie biblique. Au point de départ, il désigne le pacte que concluent des particuliers ou des Etats en vue de régler leurs différends et d'instituer un régime de paix. Dans un cas, il se conclut après une négociation où chacun fait valoir ses droits. Quand il s'agit du rapport de force entre un grand Roi et ses vassaux, l'alliance est inégale, le premier fixant les conditions auxquelles le vassal doit souscrire pour bénéficier de la protection de son suzerain. Tel est le modèle de l'Alliance conclue entre Dieu et Israël selon le Deutéronome, « le Livre de l'Alliance ».

La destruction de Jérusalem en 587 avant notre ère sonna le glas de l'alliance du Sinaï. Israël avait été infidèle et Dieu, semble-t-il, l'avait abandonné à son triste sort. Un nouveau déluge ! Ce fut le mérite de prophètes et de prêtres de rappeler que tout n'était pas perdu, car la fidélité de Dieu demeure à jamais. Coupable, Israël n'a aucun droit à faire valoir. L'initiative ne peut venir que de Dieu. C'est donc Lui qui prend les devants : Moi, j'établis mon alliance avec vous.

Caractère universel de l’Alliance !

Cette Alliance vaut pour toute la descendance de Noé, dans la suite des temps. Le livre de la Genèse prend soin d'ailleurs au chapitre suivant d'énumérer les 70 peuples qui constituent la descendance des fils de Noé. Tel est donc le cercle englobant, à l'intérieur duquel il faut situer l'Alliance spécifique accordée à Abraham. (Gn 17) L'ouverture à toute la descendance de Noé correspond au projet divin, tel qu'il est présenté dans les deux récits de création (Genèse 1 et 2). Le refus de tout nationalisme exclusif a dont de solides appuis dans la Bible, ce qui est bien oublié aujourd’hui.

L'Alliance vaut aussi pour tous les vivants, oiseaux, bétail, bêtes de la terre. Cette attention au monde animal n'est pas sans portée non plus, à savoir la sauvegarde de la biodiversité, comme le pape François y invite dans Laudato Si'. A la différence de Gn 1, 29 qui prévoyait pour l'homme un régime végétarien, l'alliance avec Noé concède l'abattage des animaux pour la nourriture, à une condition, le respect du sang, signe de la vie dont Dieu seul est le maître.

Et l'arc en ciel ?

Comme si sa Parole ne suffisait pas, Dieu offre lui-même un signe : l'arc qui brille entre les nuages pour annoncer le retour du beau temps. Signe paradoxal : l'arc étant une arme de chasse et de guerre. Dans le mythe mésopotamien du déluge, un dieu raccroche son arc à la fin du cataclysme. Notre texte s'en inspirera en approfondissant le sens. Dieu aurait-il besoin d'un signe pour se souvenir ? N'est-ce pas plutôt les hommes ? C'est pourquoi les traducteurs grecs ont apporté une précision : Je verrai l'arc, dit Dieu, pour que soit rappelée l'Alliance éternelle entre moi et tout être vivant. A ce premier signe de grâce correspondront le signe de la circoncision pour les descendants d'Abraham (Gn 17) et le sabbat pour les fils d'Israël. Au terme, l'eucharistie est le mémorial par excellence de l'Alliance éternelle conclue par le Christ pour la multitude.

Psaume 24

Cette longue supplication convient bien au temps de Carême. Il faudrait en lire de plus larges extraits. La reconnaissance de son péché n'accable pas, tant est grande la miséricorde de Dieu. La conversion dépend de l'intervention divine : Seigneur, enseigne-moi tes voies, ces voies qui, pour un chrétien, ne sont autres que le Christ, Chemin, Vérité et Vie.

E. Cothenet