Commentaire de la première lecture du 3e dimanche du Temps Ordinaire, 21 janvier 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la première lecture du 3e dimanche du Temps Ordinaire, 21 janvier 2024, année B

Dimanche de la Parole, Jonas 3,1-5.10

RCF en Berry – La Bible à plusieurs voix

Commentaire de la première lecture du 3e dimanche du Temps Ordinaire

21 janvier 2024, année B

Dimanche de la Parole, Jonas 3,1-5.10

 

Le 30 septembre 2019, en la fête de S. Jérôme, le Pape François a publié une exhortation sur l'importance de la Parole de Dieu dans la vie de l'Eglise. Les premiers mots Il leur ouvrit les Ecritures se réfèrent à l'histoire d'Emmaüs (Lc 24,13-35) : le Christ lui-même révèle aux deux disciples découragés le sens des Ecritures : qui annonçaient de façon voilée la mort et la résurrection du Messie. Cette exhortation s’appuie sur la constitution de Vatican II sur la Liturgie, demandant d'ouvrir plus largement aux fidèles le trésor de la Parole de Dieu dans toutes les dimensions de l’Un et de l’Autre Testament.

Ajoutons qu’en cette semaine de prière pour l'unité des chrétiens, la lecture de la même Bible est le meilleur chemin pour le rassemblement de tous les enfants de Dieu.

Lecture du texte

L’appel à la conversion est le fil conducteur de ce dimanche, avec une correspondance entre l’histoire de Jonas et le message de Jésus au début de son ministère public : « Convertissez-vous et croyez à l'évangile ». Pour apprécier la force décapante de ce texte, il faut tenir compte du début.

Rappelons donc le début du récit, la conversion de Jonas

Il est passé le temps où les apologistes se donnaient tant de peine pour défendre l'historicité du récit : de quelle baleine s'agissait-il ? Il faut prendre le livre de Jonas comme un conte, engagé en faveur de l’universalisme du salut. Dans un premier temps Jonas se récuse et s’enfuit vers Tharsis, à l'extrémité occidentale de la Méditerranée. Une tempête oblige à s'interroger sur le coupable qui a irrité son dieu. Après tirage au sort Jonas est contraint de se dénoncer. Le calme se fait et les marins promettent un sacrifice d'action de grâces, tandis qu'un monstre marin reconduit Jonas sur le rivage. Quelle ironie ! Ce sont les païens qui reconnaissent la maîtrise de Dieu sur la tempête.

Une seconde fois, Jonas reçoit l'ordre de se rendre à Ninive. Bon gré mal gré, il prend la route.

On assiste à une conversion express !

Capitale de l'Assyrie, Ninive était une ville immense avec 15 portes réparties sur une muraille longue de 12 kms. Les souverains menèrent de nombreuses campagnes au Proche Orient, aboutissant à la prise de Samarie en 722. Un vif ressentiment s'exprime chez les prophètes d'Israël, notamment Isaïe (13). Finalement la ville fut prise en l'an 612 par les Mèdes et les Perses et fut détruite, ce qui déclencha l'enthousiasme du prophète Nahoum. Justice est faite !

 

Jonas s'inspire de ces textes en proclamant « Encore 40 jours et la ville sera détruite ». Un succès immédiat : la ville crut en Dieu. Le roi lui-même est ému et prescrit un jeûne public. Mieux encore, il ordonne une conversion morale : que chacun se détourne de ses actions mauvaises. Quel succès ! Loin de s’en réjouir, Jonas fera la tête et se plaindra à Dieu. Or, c'est lui, Jonas, qui doit se convertir et reconnaître l’immensité de la miséricorde de Dieu, qui a pitié des hommes et même des bêtes de somme (4,11).

 

A quel groupe appartient Jonas ?

Après la reconstruction du Temple, à l'appel des prophètes Aggée et Zacharie, Esdras prit des mesures drastiques contre les mariages mixtes, obligeant les fils d'Israël à renvoyer leurs épouses étrangères (Esdras 9-10) La liste des prêtres et des lévites coupables a même été conservée en finale du livre d'Esdras (10, 18-44). Le souci de la pureté de la race élue s'exprimait ainsi dans l'établissement de longues généalogies, comme on le constate dans les 4 premiers chapitres du livre des Nombres.

Contre ce rigorisme s'élevèrent des voix courageuses. Ainsi lit-on en Is 56 un plaidoyer pour l'accueil des prosélytes, à savoir les païens attirés par la religion d'Israël. L'auteur du livre de Ruth exalte la fidélité de cette moabite, grand-mère du roi David. C'est dans cette ligne que s'exprime l'auteur du livre de Jonas, choisissant le ton de la dérision. Le lecteur s'ouvrira-t-il aux dimensions de la miséricorde divine ?

Une histoire bien pertinente à notre époque où, même en Eglise, des groupes ont tendance à se replier sur eux-mêmes et où la question de l'accueil des migrants empoisonne la vie politique. L’universalisme est une donnée essentielle du christianisme, comme le Pape François l’a rappelé avec force dans Fratelli tutti.

En ce dimanche de la Parole, il convient de noter que la révélation divine ne progresse pas de manière rectiligne. Parole de Dieu écrite en mots humains, elle reflète les aléas de l'histoire avant la venue du Christ et au cours de l'histoire de l'Eglise. Les tensions sont légitimes, à condition que personne ne veuille absolutiser son point de vue et que chacun soit attentif à ce que l'Esprit dit aux Eglises.

Psaume 24

Ce Psaume est une prière personnelle où se mêlent les appels au secours, la demande de pardon et surtout la confiance. Le lectionnaire l'applique aux Ninivites qui demandent à Dieu d'éclairer leur conscience et de leur faire connaître ses voies.

 

E. Cothenet