Commentaire de la 1ère lecture du 4e dimanche du Temps Ordinaire 28 janvier 2024, année B — Diocèse de Bourges

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Commentaire de la 1ère lecture du 4e dimanche du Temps Ordinaire 28 janvier 2024, année B

Dt 18,15-20

RCF en Berry – Commentaire de la 1ère lecture du 4e dimanche du Temps Ordinaire

 28 janvier 2024, année B

Dt 18,15-20

 

La Loi de Moïse se trouve dans les 5 premiers livres de la Bible, appelés ‘Pentateuque’ ; le Deutéronome est l’un d’eux. Bien qu’il se présente sous la forme  d’un discours d’adieu de Moïse, ce livre est plus tardif. En 622 av JC, lors de travaux dans le Temple de Jérusalem, est retrouvé un rouleau du livre de l’alliance ; le roi Josias en fait la base d’une grande réforme. C’est dans ce courant que des lévites, pendant l’exil, reprennent ce livre et l’adaptent aux circonstances, proposant à Israël un modèle de société. Le chapitre 18 fait partie du noyau central, le code deutéronomique (ch 12 à 25).

Lecture du texte

Au cœur du Deutéronome, on trouve l’exhortation à écouter le Seigneur : « Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu est l’unique. Tu l’aimeras de tout ton cœur, de tout ton être, de toute ta force. » (Dt 6, 4-5). Toutes les institutions, le roi, les prêtres et les prophètes contribuent à aider le peuple à vivre cela. Le texte de ce jour parle du prophète.

Qu’est-ce qu’un prophète et comment reconnaitre son authenticité ?

Les versets précédents indiquent que le prophète, selon le Deutéronome, se démarque de pratiques courantes dans l’Orient Ancien. Il interdit certaines pratiques magiques comme la divination, la consultation des oracles ou des morts, d’origine païenne. Il se démarque aussi des prophètes de cour qui confortaient les rois dans leurs décisions. Le prophète n’est pas un devin ni un prophète de métier ; il reçoit sa mission et est le porte-parole de Dieu.

Et parmi ceux qui se disent porte-parole de Dieu, le critère d’authenticité c’est la référence à Moïse : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » dit le texte au v.15. Et il fait allusion à ce qui s’est passé à l’Horeb, lors de la théophanie du don du Décalogue : le peuple pris de peur devant la manifestation de Dieu demande que Moïse soit leur médiateur (Dt 5, 23-31). Le prophète ne parle donc pas de lui-même ; il reçoit les paroles de Dieu et les transmet au peuple. 

Voilà une grande responsabilité !

Les v 19 et 20 en effet pointent la faute pour un prophète de dire une parole qui ne vient pas de Dieu ou de parler au nom d’autres dieux. Mais le Seigneur demandera aussi des comptes au peuple qui n’écoute pas le vrai prophète porteur de la parole de Dieu. Et le mot ‘écouter’ ne signifie pas seulement prêter une oreille attentive, c’est mettre en pratique cette parole ; c’est répondre de tout son cœur à l’alliance proposée par le Seigneur.

Moïse est donc le premier des prophètes et le Seigneur confirme pour la suite qu’il en fera lever un autre : « je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. » (v.18) Ces mots ont été compris comme des repères pour les prophètes qui interviendront dans la suite de l’histoire d’Israël. On retrouve d’ailleurs ces mêmes mots quand Jérémie reçoit sa mission de prophète : « Voici, je mets dans ta bouche mes paroles ! Vois aujourd’hui, je te donne autorité » (Jr 1, 9).

A la période du Nouveau Testament, ce texte est interprété différemment et l’on attend « le » prophète, précurseur du messie. D’où la question posée à Jean-Baptiste : « Qui es-tu ?... Es-tu le Prophète ? » (Jn 1, 21)

Et Jésus, est-il reconnu comme un prophète ?

L’évangile de ce jour montre Jésus, au début de sa vie publique, enseignant dans la synagogue de Capharnaüm. Tous s’étonnent car il parle « en homme qui a autorité » comme le faisaient les prophètes. L’identité de Jésus est un questionnement pour ses contemporains : ne serait-ce pas le médiateur annoncé par le Deutéronome, le  nouveau Moïse ? Non seulement il parle avec autorité mais sa parole est performante : il fait ce qu’il dit, ici en expulsant un esprit impur. La question de l’identité de Jésus va parcourir tout l’Evangile de Marc. C’est à la fin, devant la mort de Jésus en croix, qu’un centurion dira : «  Vraiment, cet homme était Fils de Dieu. » (Mc 15, 39)

L’invitatoire du psaume 94 pose une question vitale, en lien avec le texte du Deutéronome : « Aujourd’hui écouterez-vous sa Parole ? ». Le psaume rappelle aux pèlerins qui montent au Temple de Jérusalem l’attitude à avoir : rendre grâces, se prosterner, adorer le Seigneur et  écouter sa Parole. C’est une question qui nous est posée encore aujourd’hui : écouterons-nous le Christ, Parole du Père ? Laisserons-nous cette Parole faire son œuvre de libération ?

Lecture du Psaume 94

 

M-E Courmont