Commentaire de la première lecture du 2e dimanche de Pâques, 7 avril 2024, année B — Diocèse de Bourges

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Eglise Catholique en Berry Diocèse de BourgesDiocèse de Bourges
menu
Navigation

Commentaire de la première lecture du 2e dimanche de Pâques, 7 avril 2024, année B

Actes des Apôtres, 4,33-35

Commentaire de la 1ère lecture du 2e dimanche de Pâques, année B, 7 avril 2024

Actes des Apôtres, 4,33-35

 

Chaque année, pendant le temps pascal, la liturgie nous propose des extraits des Actes des Apôtres. Le début de ce livre est marqué par la proclamation de la résurrection du Christ, faite par Pierre, et sur la vie de la première communauté, avant le grand essor missionnaire marqué par Paul, l'ancien persécuteur. Ce choix s'inscrit donc bien dans la dynamique du temps pascal, de Pâques à la Pentecôte.

Rappelons le but de Luc, auteur d'une œuvre en deux volumes : l'Evangile et les Actes. L'unité est marquée par la correspondance entre les deux prologues, contenant la dédicace à un chrétien Théophile qui désirait un approfondissement de sa foi.

Dans l'œuvre même, de subtils rapprochements, comme des clins d'œil, montrent que Luc n'établit pas seulement une suite chronologique, mais propose une réflexion théologique sur la relation entre les trois temps de l'histoire du salut : celui de la première alliance, puis celui de la vie terrestre du Christ, enfin le temps du Christ ressuscité qui agit par son Esprit dans l'Eglise.

Lecture du texte

Quel est le sens des sommaires dans le fil de l'histoire ?

Les 8 premiers chapitres des Actes se situent à Jérusalem. Ils comportent des discours, des récits sur l'opposition croissante des autorités juives, et de brefs résumés pour caractériser la vie de la première communauté.

Le premier sommaire (2,42-47) est situé au lendemain de la Pentecôte et indique les 4 marques de toute communauté chrétienne, assiduité à l'enseignement des apôtres, communion fraternelle, participation à la fraction du pain, à savoir l'eucharistie dans les maisons particulières, et prières (Ac 2,42-47).

Le deuxième sommaire que nous lisons aujourd'hui développe le thème de la communion, au plan affectif : d'un seul cœur et d'une seule âme, - et sur le plan financier : ils mettaient tout en commun.

On ne saurait nier la part d'idéalisation qui, en tout mouvement, magnifie les origines, l'âge d'or ! Cependant Luc qui s'est bien informé, n'invente pas. Il force les traits pour susciter l'imitation.

Y a -t-il un précédent à la communauté de biens ?

La découverte des textes de Qumran a ravivé l'intérêt pour le groupe des Esséniens dont parlaient déjà Philon d'Alexandrie et l'historien juif Flavius Josèphe. Selon leur Règle, les volontaires formaient une communauté d'hommes de type monastique qui menaient une austère vie commune, marquée par des ablutions quotidiennes, le travail, la prière, la stricte mise en commun des biens, et cela dans l'attente du Messie d'Israël.

Les premiers chrétiens se seraient-ils inspirés de ce modèle de vie commune ? On l'a d'abord supposé. En fait les différences l'emportent de beaucoup. C'est par familles que les chrétiens se recrutent et ils conservent leur propre maison. Ils continuent à fréquenter le Temple pour la prière, mais non pour les sacrifices. Il faut donc chercher le fondement dans la tradition chrétienne.

L’Inspiration évangélique

Jésus n'a pas laissé de règle de vie pour ses disciples mais donné une impulsion par sa propre vie de service et son enseignement, avec une attention spéciale pour les petits, les malades, les pauvres. Luc est l'évangéliste le plus préoccupé par le problème de la richesse et de la pauvreté, comme le montre la formulation des béatitudes suivies du « Malheur aux riches ». La parabole du riche et de Lazare est propre à Luc, tout comme les réflexions sur le Mammon d'infidélité. De tels enseignements prennent forme dans la communauté mère de Jérusalem.

Une expression mérite de retenir l'attention : « D'un seul cœur, d'une seule âme ». On pense au commandement fondamental : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et ton prochain comme toi-même. » Un autre arrière-plan vient du monde grec : « Entre amis, tout est commun. » Cette formule, attribuée à Pythagore, est un lieu commun des moralistes grecs et correspond à l'idéal de l'amitié. Ici, elle ne se vit pas seulement entre quelques intimes, mais en communauté, et c'est bien là un idéal toujours à poursuivre.

« D'un seul coeur, d'une seule âme. » Cette notation précède l'insistance sur la communauté des biens. Le partage doit être la libre expression d'une décision personnelle, comme le montrent les exemples suivants, d'abord de Barnabé, originaire de Chypre qui a fait don du prix de son champ, puis en sens inverse le couple Ananie et Saphira qui dissimule le prix de la vente d'une propriété. Sa faute, dira Pierre, c'est d'avoir menti à Dieu (Ac 5,4). Tous les deux mourront de mort subite.

La fécondité d'un exemple

Lors du concile de Jérusalem, Jacques demandera qu'on n'oublie pas les pauvres de la ville. Paul aura à cœur d'organiser une grande collecte, comme signe de l'unité de l'Eglise. « Il ne s'agit pas de vous mettre dans la gêne, en soulageant les autres, mais d'établir l'égalité. » (2 Co, 8, 13)

Evêque d'Hippone, S. Augustin vivait avec les prêtres célibataires, les autres gardant leur propre maison. A côté de l'évêché, un monastère (un pour les hommes, un pour les femmes) regroupait les laïcs voulant se consacrer à Dieu. L'évêque composa alors une Règle en s'inspirant des Actes des Apôtres en vue de l'amitié fraternelle et de la mise en commun des biens. Avec des adaptations variées, cette Règle est toujours une référence pour de nombreuses communautés religieuses. Elle n'a rien perdu de son actualité.

 

Psaume 117

Ce psaume d'action de grâces se caractérise par le dialogue entre les pèlerins à la porte du Temple et les prêtres. Pour évoquer les malheurs subis, les fidèles évoquent la pierre rejetée, puis redressée comme signe de restauration nationale. Dans le Nouveau Testament l'application est faite à plusieurs reprises au Christ, fondement du Temple nouveau dans lequel nous sommes appelés à nous insérer par la foi comme des pierres vivantes (1 P 2,5s.)

E. Cothenet