Méditation 5 — Diocèse de Bourges

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Méditation 5

L' Esprit-Saint et l'unité de l'Eglise

En raison du schisme donatiste, très répandu en Afrique romaine, Augustin met en relief le rôle de l'Esprit-Saint dans l'Eglise. Comme Esprit de vérité, il éclaire la conscience des fidèles et permet les discernements nécessaires. Des textes bien actuels !

 

Le miracle des langues

Dans les premiers temps, l'Esprit tombait sur les croyants et ils se mettaient à parler en langues qu'ils n'avaient pas apprises, comme l'Esprit leur donnait de s'exprimer. À ce moment-là, ces signes étaient utiles : il fallalt que l'Esprti-Saint soit symbolisé par le don des langues, car c'était par toutes ces langues que l'Évangile de Dieu devait se répandre dans le monde entier. Le signe a été reçu, il n'a plus de raison d'être.

Et aujourd'hui ?

Si la présence du Saint-Esprit n'est plus attestée aujour'hui par ce genre de miracles comment se manfeste-t-elle, comment reconnaître qu'on a reçu le Saint-Esprit ? Que chacun interroge son cœur : s'il aime son frère, l'Esprit de Dieu demeure en lui. Qu'il s'examine, qu'il s'éprouve lui-même sous le regard de Dieu : qu'il voie s'il a en lui l'amour de la paix et de l'unité, l'amour de l'Église répandue sur toute la terre. (Traité VI, 10)

L'Esprit reçu au baptême

Celui qui est saint vous a consacrés par l'onction, et tous, vous savez (I Jn 2, 20)

« L'onction spirituelle, c'est le Saint-Esprirt, dont le signe sacramentel est l'onction visible », faite avec l'huile consacrée (le chrême).

L'effet sacrementel de l'onction, c'est la vertu invisible elle-même, l'Esprit-Saint. L'onction invisible, c'est cette charité qui sera comme une racine que le soleil, si brûlant soit-il, ne peut déssécher. (Traité III, 12)

Voici un baptisé qui reçoit le sacrement de la naissance ; il reçoit un sacrement, un grand sacrement, divin, saint, ineffable. Pensez à quel point ; un homme nouveau est suscité par le pardon de ses péchés ; Qu'il examine pourtant si s'est bien accompli dans son cœur ce qui a été signifié dans son corps ; qu 'il se demande s'il possède la charité ; et alors il pourra dire : Je suis né de Dieu. Mais s'il ne la possède pas, il a beau avoir reçu la marque (character) du sacrement, il n'est qu'un déserteur errant hors des chemins. (Traité V, 6)

Tout supporter pour l'unité

Les Donatistes justifiaient leur schisme par les manquements des responsables de l'église de Carthage, lors de la persécution du début du 4e s. Augustin leur oppose la loi de la charité.

Si tu gardes la charité, tu ne trouveras sujet de scandale ni dans le Christ, ni dans l'Église ; tu n'abandonneras ni le Christ, ni l'Église. Car si quelqu'un abandonne l'Église, comment serait-il dans le Christ, lui qui n'est pas dans les membres du Christ ?

Écoute cette parole de S. Paul: « Qui est faible, que je ne sois faible ? Qui est scandalisé, que je ne brûle ? » ( 2 Co 11, 29) Et pourquoi n'y a t-il pas de scandale pour qui aime son frère ? Parce que que celui qui aime son frère supporte tout pour l'unité : car c'est dans l'unité de la charité qu'est la dilection fraternelle. (I, 12)

Notez bien qu'Augustin n'est pas laxiste ! Il dénonce vigoureusement les chrétiens qui vivent dans le péché. S'appuyant sur la paraboie du bon grain et de l'ivraie (Mt 13, 24-30), l'évêque reconnaît que l'Église est une communauté mêlée (corpus mixtum), jusqu'à l'heure du jugement qui appartient à Dieu.

Le Maître intérieur

Vous n'avez pas besoin qu'on vous instruise : son onction vous instruit de tout. (I Jn 2, 27)

Mais alors, que faisons-nous, frères, nous qui nous efforçons de vous instruire ? Si son onction vous instruit de tout, notre travail est pratiquement sans objet ! Pourquoi tant élever la voix ?… Je demande à Jean lui-même : ils avaient bien reçu l'onction, ceux à qui tu parlais ? Tu dis : « Son onction vous instruit de tout. » Alors pourquoi écrire cette lettre ? Pourquoi vouloir toi-même les enseigner, les instruire, les éduquer ?

Considérez là un grand mystère, mes frères ! Le son de nos paroles frappe vos oreilles, le maître est au dedan... Nous aurons beau éveiller votre attention par le bruit de nos voix, si Celui qui instruit n'est pas en vous, vain sera le bruit de mes paroles. D'ailleurs, mes frères, en voulez-vous la preuve ? N'avez-vous pas tous entendu ce sermon ? Combien sortiront sans avoir rien appris ?

Pour ce qui me revient, j'ai parlé à tous ; mais ceux en qui cette onction ne parle pas intérieurement, ceux que l'Esprit-Saint n'instruit pas au dedans, s'en vont sans avoir rien appris. Les enseignements extérieurs sont tout au plus un soutien, un rappel. (Traité III, 13)

Question : de quelle manière sommes-nous attentifs à cette voix de l'Esprit qui nous permet d'actualiser l'enseignement reçu et de saisir en quoi il éclaire notre vie ?

En conclusion : confiance en la miséricorde de Dieu

Si notre coeur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur et Il connait tout Bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons pleine confiance devant Dieu (1 Jn 3, 21)

Tu caches aux hommes le fond de ton cœur, cache-le à Dieu si tu peux ! Où t'enfuir ? Tu veux un conseil : si tu veux le fuir, fuis vers toi. Fuis vers Lui en reconnaissant ce que tu es, et non loin de Lui en te cachant : car tu ne peux te cacher de Lui, mais tu peux reconnaître tes fautes. Dis-Lui : Tu es mon refuge, et nourris en toi l'amour, qui seul conduit à la vie... Laisse-toi regarder par Celui-là seul qui donne la couronne ; prends pour témoin Celui-là seul dont le jugement te récompensera: « Dieu est plus grand que notre coeur, et il connaît tout. »

Qu'est-ce à dire , « Si notre cœur ne nous accuse pas » ? Si vraiment il nous répond que nous aimons, que l'amour fraternel nous habite, un amour sans mensonge, sincère, qui nous fait chercher le salut de nos frères, sans attendre d'eux d'autre avantage que leur salut lui-même.

Donc tout homme, qui a en lui l'amour fraternel, et qui le vit devant Dieu, là où Il voit, tout homme qui examine son cœur avec la rigueur voulue et constate qu'il a en lui la véritable racine de la charité, d'où sortent les fruits des bonnes œuvres, celui-là a pleine assurance devant Dieu, et quoi qu'il Lui demande, le recevra de Lui, parce qu'ii garde ses commandements. (Traité VI, 4)

 

Vous trouverez sur le site de Foi et Culture l'ensemble de ces extraits  tirés du Commentaire de S. Augustin sur la Ière lettre de S. Jean.