Méditation 4 — Diocèse de Bourges

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Méditation 4

Amour de Dieu, amour du frère

Interrogé sur le plus grand commandement, Jésus répondit : "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur" et "Tu aimeras ton prochain, comme toi-même". Il ajouta que le 2d est aussi important que le premier (Mt 22, 34-40).

L'originalité de S.Jean est de montrer qu'en fait il n'y a qu'un seul Amour (dilectio), car aimer le frère est le critère de l'amour de Dieu. Le Traité VIII offre l'exposé le plus complet sur la spécificité de l'amour chrétien.

Un commandement nouveau, préparé dans l'Ancien Testament

Est-ce que ce commandement nouveau n'existait pas déjà dans la loi ancienne, puisqu'il est écrit : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" ? Il est nouveau en raison de la précision "Comme je vous ai aimés".

 

C'est cet amour qui nous renouvelle, pour que nous soyons des hommes nouveaux, les héritiers du testament nouveau, les chantres du cantique nouveau. Cet amour-là, frères très chers, a renouvelé même les justes d'autrefois, les patriarches et les prophètes, comme il a renouvelé plus tard les saints Apôtres. C'est lui qui renouvelle maintenant les nations païennes et qui, de tout le genre humain, dispersé sur toute la surface de la terre suscite et rassemble le peuple nouveau, le corps de la nouvelle Épouse du Fils de Dieu, celle dont il est dit dans le Cantique des cantiques : Quelle est celle-ci qui s'élève, toute blanche ? Toute blanche, parce ce que renouvelée. Par quoi, sinon par le commandement nouveau ? (Traité sur l'Évangile de S. Jean ,65, 1)

L'incarnation, fondement du commandement de l'amour.

Jésus n'avait pas d'autre raison de venir que la charité. Et la charité qui nous est demandée est celle qu'il nous désigne lui-même dans l'Évangile : « Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » (Jn 15, 13) Comment le Fils de Dieu aurait-il pu donner sa vie pour nous, sans revêtir une chair capable de mourir ? Ainsi, tout homme qui manque à l'amour, quoi qu'il dise en paroles, renie par sa vie le Christ venu dans la chair. (Traité VII, 2)

L'amour des ennemis

Dans sa prédication, Augustin a en vue la situation concrète de son auditoire. La vie sociale est polluée par de muitiples jalousies des querelles pour une propriété, la rivalité entre catholiques et Donatistes entraînant la haine.

Tu vois tout ce que cet homme a fait contre toi ; et tu vois en lui qu'il a été fait par Dieu. L'homme qu'il est est l'oeuvre de Dieu ; sa haine est son oeuve à lui, comme sa jalousie. Et que dis-tu en toi-même : "Seigneur sois bienveillant pour lui, pardonne-lui ses péchés, inspire-lui ta crainte, change le". Tu n'aimes pas en lui ce qu'il est, mais ce que tu désires qu'il soit. Donc, quand tu aimes ton ennemi, tu aimes ton frère. Voilà pourquoi l'amour (dilectio) parfait, c'est l'amour de l'ennemi ; et cet amour parfait est compris dans l'amour fraternel. (Traité VIII, 10)

Secourir l'indigent avec le désir qu'il devienne notre égal

Il a un amour, un amour de bienveillance, qui nous porte, si besoin est, à donner à ceux que nous aimons. Et s'il n'y a pas lieu de donner ? La seule bienveilance suffit à celui qui aime.

Nous ne devons pas en effet souhaiter qu'il y ait des malheureux, pour avoir l'occasion d'accomplir des œuvres de miséricorde. Tu donnes du pain à qui a faim : mais mieux vaudrait que nul n'ait faim et que tu n'aies personne à qui donner ! Tu vêts celui qui est nu ; plût au ciel que tous soient vêtus et que cette nécessité ne se fasse point sentir !...

Supprime les malheureux : les oeuvres de miséricorde cesseront, est-ce à dire que l'ardeur de la charité s'éteindra ?

Car, en rendant service à un malheureux, peut-être désires-tu t'élever en face, et veux-tu qu'il soit ton obligé, lui qui est à l'origine de ton bienfait... Souhaite qu'il soit ton égal ; en sorte que vous soyez l'un et l'autre sous la dépendance de Celui auquel on ne peut rien donner. (Traité VIII, 5)

Aimer et demeurer en Dieu

"Dieu, personne ne l'a jamais vu". Voyez, mes bien aimés : "Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour atteint en nous sa perfection". Mets-toi à aimer, et tu deviendras parfait. Dès que tu commences à aimer, Dieu commence à habiter en toi... À ceci nous reconnaissons que nous demeurons en Lui, et Lui en nous. "Il nous a donné de son Esprit". Bien, rendons grâces à Dieu ! Nous reconnaissons qu'Il habite en nous ! Et cela même, d'où le connnaisssons-nous ? Jean l'a dit : "Parce qu'il nous a donné de son Esprit. Et comment savoir qu'il nous a donné de son Esprit ? Interroge ton cœur : s'il est rempli d'amour, tu as l'Esprit de Dieu. Qu'est-ce qui nous permet de reconnaître le signe que l'Esprit de Dieu habite en nous ? Rappelle-toi ces paroles de l'apôtre Paul : "L'amour de Dieu a été répandu dans nos coeurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné". (Rm 5, 5) (Traité VIII, 12)

L'Alleluia de toute notre vie

En ce moment noius chantons l'Alleluia : pouvons-nous toujours le faire ? C'est à peine si ce chant de l'Alleluia dure, non pas une heure pleine, mais quelques minutes ; et nous passons à autre chose. Or, Alleluia, vous le savez signifie "Louez Dieu". Louer Dieu en paroles, on ne le peut toujours ; louer Dieu par sa vie, on le peut toujours. Les œuvres de miséricorde, les sentiments de charité, une piété sainte, une chasteté incorruptible, une tempérance qui garde la mesure, ce sont là les vertus auxquelles nous devons toujours être fidèles.

C'est avec reconnaissance pour la grâce de Dieu que nous devons les accomplir.

Que vos œuvres soient tantôt ceci, tantôt cela, selon le temps, l'heure, le jour. Peut-on toujours parler ? toujours se taire ? Toujours refaire ses forces ? Toujours jeûner ? Toujours donner du pain à l'indigent ?... Tantôt ceci , tantôt cela. Ces actions commencent et finissent : mais le principe qui les commande ni ne commence ni ne doit finir. Que la charité intérieure n'ait point de cesse ; que les œuvres de charité soient accomplies à leur heure ; que la charité fratenrelle demeure comme il est écrit. (Traité VIII, 1)