Méditation 1 — Diocèse de Bourges

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Méditation 1

Les instructions de St Augustin aux nouveaux baptisés

                           Commentaire de la 1ère épître de S. Jean

 

Après le baptême dans la nuit pascale, les néophytes étaient conviés chaque soir de la semaine pour entendre un complément d'instructions. Ils gardaient alors leurs aubes, qu'ils déposeront le dimanche octave de Pâques.

En l'an 407, en pleine crise donatiste, Augustin choisit pour thème de la semaine de Pâques l'explication de la 1ère épître de Jean, dont le sujet essentiel est celui de la charité (caritas), et de l'unité sous l'action de l'Esprit Saint.

Prêché dans une langue simple, accessible à un auditoire varié, avec des comparaisons tirées de la vie quotidienne, ce texte n'en est pas moins un grand classique de la spiritualité. Ne vaut-il pas la peine d'en présenter quelques extraits, bien capables de nourrir votre réflexion en ce temps de confinement ? Surtout que ce soit pour vous l'occasion de relire toute l'épître de Jean.

 

La 1ère épître de S. Jean

Elle a été écrite à une communauté troublée par un grave débat doctrinal. Le Fils de Dieu s'est-il vraiment fait chair ? Ou n'a-t-il pris qu'une apparence, ce qui sauvegarderait la dignité du Dieu trois fois saint ? Cette hérésie était bien présente au début du IIème siècle, comme on le constate dans les lettres de S. Ignace d'Antioche qui la combat vigoureusement. Le réalisme de l'incarnation est au centre de la doctrine johannique.

Tout au long de l'épître, Jean met en valeur la spécificité de la vie chrétienne par une série d'antithèses entre Lumière et Ténèbres, amour de Dieu et amour du monde, péché et pardon, amour des frères et haine conduisant au schisme.

La pensée se développe par vagues successives, comme les flots de la marée montante, ce qui entraîne bon nombre de répétitions. On n'en relève pas moins la progression de la pensée jusqu'à la proclamation : Dieu est Agapè (caritas).

Augustin suit le texte pas à pas, sans craindre les digressions. II donne des conseils très concrets, toujours valables. Souvent il applique le texte johannique à la situation de son Église.

 

Le donatisme

À Hippone les donatistes étaient nombreux avec leur propre basilique et leur évêque. Rappelons l'origine du schisme : lors de la terrible persécution de Domitien (début du IVème siècle), l'évêque de Carthage Mensurius fut accusé d'avoir livré aux autorités les livres sacrés, alors qu'il avait remis des livres hérétiques. Le prêtre Donat organisa alors une église de purs qui s'accrut rapidement durant tout le IVème siècle. La controverse avec les Donatistes tient une grande place dans l'œuvre d'Augustin, comme on le constate dans son explication de la 1ère épitre de Jean.

 

Le piège des mots

Trois termes méritent de retenir l'attention :

. Amor, amare : comme notre mot amour, c'est le terme le plus général. Il s'applique aussi bien à l'amour pour des personnes que pour l'amour des choses bonnes ou mauvaises.

. Les traducteurs grecs de la Bible emploient le terme agapè pour l'amour de Dieu pour nous, amour fait de bienveillance et de miséricorde et pour la relation de l'homme envers son créateur : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur...

. Dans le domaine religieux, les traducteurs latins ont choisi les termes caritas et dilectio. La nuance propre est à apprécier selon le contexte. Caritas fait penser à ce qui a du prix, de la valeur : Tu as du prix à mes yeux (Isaie). Diligere se rapporte à  un choix volontaire. C'est la fidélité requise dans le cadre d'une alliance. Quand Augustin écrit : Dilige et fac quod vis (Aime et fais ce que tu veux), il ne donne pas prise au libertinage, mais invite au discernement personnel dans la fidélité à Dieu.

   

 

La communion dans la foi  ( I Jean I, 1-3)

Ce qui était dès le commencement, ce que nous avons entendu,
ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie, nous vous l'annonçons afin que voire joie soit pleine.

              

Le Verbe fait chair.

La Vie s'est manifestée dans la chair, et cela pour qu'une réalité qui n'était visible qu'au cœur soit vue aussi par les yeux, afin de guérir les cœurs. Seul le cœur peut voir le Verbe : or voici qu'Il devient visible à la chair et aux yeux du corps. Nous étions capables de voir la chair, non de voir le Verbe ; le Verbe s'est fait chair, une chair visible, pour guérir en nous ce qui nous rend capables de voir le Verbe.

 

Augustin rappelle la parole du Christ à Thomas « Heureux ceux qui ne voient pas et qui croient ». C'est de nous dont il parle, c'est nous qu'il désigne. Que s'accomplisse donc en nous cette béatitude que le Seigneur a promise ! Tenons fermement de ce que nous ne voyons pas, car ceux qui ont vu nous l'annoncent  "Afin que vous aussi, dit Jean, vous soyez en communion avec nous". Est-ce donc un si grand prodige d'être en communion avec les hommes ? Garde-toi de prendre la chose à la légère. Vois ce qu'il ajoute "et que notre communion soit avec Dieu et son Fils Jésus-Christ". "Et ceci, nous vous l'écrivons afin que votre joie soit pleine". Cette joie pleine, il la met dans la communion même, dans la charité même, dans l'unité même.        (Chapitre I, n°3)

               

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            Quels sont les composants de la communion  ?