Vivre la liturgie de la Semaine Sainte — Diocèse de Bourges

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Eglise Catholique en Berry Diocèse de BourgesDiocèse de Bourges
menu

Vivre la liturgie de la Semaine Sainte

Pendant ce temps de Carême, le père Patrick Guinnepain nous introduit à la liturgie de la Semaine Sainte que nous vivrons dans quelques semaines.

Accéder aux horaires des célébrations de la Semaine Sainte

 

Par le père Patrick Guinnepain

"Avant d’évoquer la Semaine Sainte telle qu’elle se déploie dans sa liturgie, il est peut-être opportun de rappeler quelques éléments de toute célébration chrétienne, lesquels nous permettront de prendre un peu mieux la mesure des enjeux pastoraux du Triduum Pascal et de ce qui le précède immédiatement.

Nous le savons bien, il n’y a qu’un seul Sauveur, un seul médiateur entre Dieu et les hommes, c’est le Christ. La liturgie de la Semaine Sainte, comme toute liturgie authentiquement chrétienne, trouve son fondement dans le Verbe incarné. Ainsi, pour comprendre l’enchainement des célébrations et le déploiement des rites entre “Rameaux” et “Pâques”, il nous faut donc commencer par contempler Jésus, le Christ, mort et ressuscité pour nous. 

Pour cela, commençons en rappelant cet épisode rapporté dans l’Évangile de Luc (11, 1 ss) : 

« (…) un de ses disciples lui demanda : “Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean le Baptiste, lui aussi, l’a appris à ses disciples. “Il leur répondit : “Quand vous priez, dites : Père, que ton nom soit sanctifié” (…). »

On y voit le Christ enseigner à ses disciples comment prier, de sorte que la prière chrétienne se révèle être une prière de disciple, c’est-à-dire une prière dirigée par un autre. Et par définition, le disciple est celui qui consent librement à une discipline, c’est-à-dire (et en la matière), à entrer dans une prière qui n’est pas sienne, et dont il n’a pas décidé de la forme. En ce sens, dans sa liturgie, la prière de l’Église déploie les gestes et les paroles dont Jésus s’est servi et que la tradition apostolique a retenu. Ces gestes sont à comprendre dans leur enracinement juif que Jésus a assumé et qu’il a trouvé adéquat pour y déployer non seulement un sens, mais aussi une grâce nouvelle.

La prière de l’Église est donc fondamentalement “in forma Christi” ! C’est la raison pour laquelle la “lex orandi”, éloignée tout autant du “ritualisme” que de “l’arbitraire”, constitue un acte de confiance et d’abandon en Celui-là seul qui peut nous sauver et nous dit à cet effet : “ faites ceci en mémoire de moie!”. Ainsi, pour tout homme, incapable d’aller à Dieu par lui-même, la liturgie constitue le lieu d’un “lâcher prise”, dans lequel la personne s’abandonne à des gestes et des paroles qui ne viennent pas d’elle. Le Fidèle qui célèbre peut ainsi dépasser les limites de son humanité, de son incapacité à aller au Père, en se laissant saisir par le Christ qui, en Lui, nous offre à son Père.

Entrer pleinement dans la liturgie de la Semaine Sainte, conduit ainsi les disciples, non pas seulement à se souvenir, à évoquer, ni même à expliciter, mais bel et bien à se laisser emporter avec le Christ, par Lui, avec Lui et en Lui, dans ce mystère de mort et de résurrection qui nous rend au Père. De la bénédiction des rameaux à la Vigile Pascale, en passant par le lavement des pieds, la vénération de la Croix, les dramatiques lectures de la Passion qu’interrompt la mise à genoux de l’assemblée lorsque Jésus rendit l’Esprit ; du dépouillement des églises que l’on dirait désaffectées s’il est bien fait, jusqu’à leur éclairage progressif à la lueur du feu nouveau, avec le baptême des catéchumènes adultes et leur première communion, ces jours saints sont d’une incroyable densité spirituelle, rendue possible entre autres par la richesse des rites qui les rythment. Lorsque nous déployons ces liturgies, dans le consentement à ce qu’elles nous dépassent, (comme le vivent les catéchumènes et néophytes ainsi que les enfants et tous ceux qui n’en possèdent pas encore toutes les clefs de compréhension), nous constatons qu’il ne s’agit pas de comprendre, avec notre intelligence, un évènement vécu autrefois par un autre, mais bel et bien de se laisser comprendre (“prendre-avec”) par le Christ, dans un évènement contemporain de notre propre existence.

Cela est d’autant plus vrai que la liturgie de la Semaine Sainte est sacramentelle. Elle continue l’histoire du Salut, parce qu’elle en est à la fois une révélation et une actualisation. Elle n’est pas un des éléments de la catéchèse, un moyen ou un outil en plus des séances de réflexions théologico-catéchétiques adressées à tout fidèle en général et aux catéchumènes en particulier. Elle est ici-bas le but ultime du cheminement de chacun des disciples, car elle est source et sommet de l’année liturgique, contenant en son cœur la source et le sommet de notre vie chrétienne qu’est l’eucharistie. Ainsi, les célébrations de la Semaine Sainte, comme toutes les célébrations chrétiennes, ne sont pas seulement la manifestation d’une vérité théologique à propos du Salut, elles sont le lieu et la forme dans et par laquelle s’accueille la présence salvifique de l’unique médiateur. De la sorte, celui qui s’abandonne en toute confiance à la dynamique du rite, particulièrement dans ces liturgies de la Semaine Sainte, se laisse introduire au cœur du mystère du Salut d’une manière totalement nouvelle et unique. Et parce que la liturgie s’adresse à l’Homme dans toutes ses dimensions, il s’y laisse saisir intégralement, corps et âme.

Finalement, ce qui nous permet de comprendre le mieux ce qui est en jeu dans la liturgie de la Semaine Sainte, et comment la Foi s’y vit dans ces rites, c’est le geste du lavement des pieds. On y accueille le Christ qui vient renverser le rapport de l’Homme à Dieu en se faisant le serviteur de ses disciples. Et le Triduum Pascal, parce qu’il est une réalité liturgique et sacramentelle, nous fait vivre ce dessaisissement de notre relation personnelle et communautaire à Dieu, pour laisser le Christ nous rendre l’ultime service de nous introduire dans cette vie divine à laquelle nous aspirons sans être capable d’y accéder par nous-même".

Pour vivre la Semaine Sainte, retrouvez les horaires des célébrations sur le site du diocèse de Bourges

 

Les horaires des Rameaux

 

Les horaires de la Semaine Sainte