Les catéchumènes, espérance de l'Église en Berry

Propos recueillis par Florent Sonzogni.
Mgr Jérôme Beau (JB)
François-Joseph Billod (FJB)

Qu’est-ce que le catéchuménat ?

(FJB) Le catéchuménat est principalement la démarche que font des adultes ou des jeunes vers les sacrements de l’initiation. Les sacrements de l’initiation sont le baptême, l’eucharistie et la confirmation. C’est un chemin qui nous mène vers la vie en Dieu, puisqu’au baptême, Dieu nous donne sa vie. Lors de l’eucharistie, le Christ nous donne sa vie et nous partage son corps, ce qui nous invite à nous partager et à nous ouvrir aux autres. Et lors de la confirmation, on reçoit l’Esprit Saint qui nous envoie comme il a pu être donné aux apôtres pour accomplir leur mission. Et nous, par cet Esprit Saint reçu à la confirmation, nous sommes appelés à partager et à vivre de cet Esprit pour être envoyés en mission de chrétien.

Ces catéchumènes ont des profils différents. Tous ne se préparent pas forcément au baptême ?

(FJB) Oui, tout à fait. Certains ont pu dans leur vie ne pas bénéficier d’une famille qui était chrétienne et puis, un jour, ils entendent l’appel de Dieu, soit en rentrant dans une église, soit en rencontrant des personnes. Ils ont ce désir et ils souhaitent répondre à l’appel de Dieu, et ils vont cheminer vers ces sacrements. D’autres, dans leur enfance, ont reçu le baptême tout petit, ou au cours de leur catéchèse, ont reçu le sacrement de l’eucharistie. Puis ils ont souhaité marquer un temps de pause, prendre du recul dans leur vie de chrétien. Un beau jour, eux aussi, entendent à nouveau cet appel de Dieu. Ils y répondent favorablement et souhaitent approfondir cet appel. Ils vont se tourner vers une paroisse dont ils sont proches et vont poursuivre ce cheminement, pour, une fois adultes, recevoir ces sacrements qui, je dirais, leur manquent, et leur permettent d’accomplir leur vie de chrétiens.

Si on a envie d’avancer avec le Seigneur, on vient, on se présente à sa paroisse mais ce ne sera pas la semaine prochaine que l’on sera baptisé !

(FJB) Non bien sûr. C’est sûr que ce cheminement prend un temps. Ça permet de bien comprendre, d’approfondir notre propre désir et d’ouvrir nos oreilles à ce que Dieu aussi veut pour nous, veut pour notre cœur, pour notre vie. Et donc, ce cheminement peut être plus ou moins long. Certaines personnes vont cheminer un an minimum, deux ans. On a pu entendre aussi notre évêque apporter son témoignage, en disant que chez certains cet appel avait mis des années à mûrir. C’est pour ça que certaines personnes à l’âge très adulte, approfondissent et souhaitent cheminer vers le sacrement qui leur manque. Ils cheminent en paroisse avec des accompagnateurs et participent également à des journées diocésaines que nous organisons avec notre équipe.

Que s’est-il passé par exemple lors de cette journée  diocésaine du 13 janvier ?

(FJB) Nous nous sommes retrouvés à Issoudun où nous avons partagé, vécu, autour du Credo. Au cours de différents ateliers, nous avons pu approfondir ce qu’est le Credo, cette prière que nous récitons en tant que chrétien et que nous sommes déjà en premier lieu appelés à prononcer notre foi, le jour de notre baptême. En l’occurrence, pour les catéchumènes, ils la formuleront lors de leur baptême la nuit de Pâques. Nous avons eu à l’issue de cette journée, la célébration de l’onction des catéchumènes. Cette onction, c’est l’évêque qui l’a donnée aux catéchumènes pour qu’ils puissent pleinement cheminer vers ce baptême. Et nous avons remis aux confirmants (dont la confirmation aura lieu à la Pentecôte 2024), la prière du « Je crois en Dieu », pour qu’ils puissent l’approfondir eux-mêmes chez eux.

Mgr Beau, c’est important pour vous cette étape de l’onction ?

(JB) Ce qui est très important c’est d’abord que les catéchumènes perçoivent que le baptême c’est baptême-confirmation-eucharistie. Il y a encore un certain nombre de baptisés pour qui la confirmation, c’est assez secondaire. « Tu n’es pas baptisé, ce n’est pas grave ! » Si c’est grave ! Le baptême, c’est Dieu le Père qui nous adopte comme son Fils : on devient fils et filles de Dieu. L’eucharistie, c’est être transformé par le Christ, et la confirmation, c‘est quand même recevoir la force de Dieu, l’union, la force de communion d’amour. Et on a tellement besoin d’être aidé pour pouvoir aimer comme le Christ, qu’avoir cette dimension de l’Esprit Saint c’est essentiel. Être pleinement baptisé, c’est être baptisé-confirmé-eucharistié. Ça forme le même sacrement. C’est une des grandes nouveautés du concile Vatican II. Avant le Concile, on avait tendance à mettre la confirmation « un peu quand c’était possible ». Mais là, c’est vraiment une unité qui est donnée comme dans les rites orientaux. L’unité du baptême formé du baptême, de la confirmation et de l’eucharistie. Ça, c’est le point important.

L’onction, c’est la dimension de la force de Dieu pour avancer. On n’avance pas tout seul vers le baptême. On avance par la communion avec les autres. Mais on avance aussi par la force de Dieu qu’Il nous donne et qui donne à Dieu d’être victorieux de nos peurs, de nos appréhensions. C’est normal que certains adultes aient peur d’être baptisés, parce qu’ils ont peur de ce que cela va changer dans leurs vies, parce qu’ils ont peur aussi de ce que cela va changer dans leurs familles, parce qu’ils savent bien que c’est un moment de rupture pour une communion plus grande. Cette peur, elle a besoin de recevoir la force d’un Autre pour avancer. En parlant de la Journée diocésaine du 13 janvier, nous parlions de la remise du Credo. Le Credo, c’est la formulation de la foi. C’est être capable de dire « Je crois en Dieu, le Père, le Fils et l’Esprit Saint ». C’est la dimension où, en apprenant à dire sa foi, on apprend à reconnaitre la présence du Christ en nous et dans l’Église pour pouvoir dire « oui » le jour de son baptême.

La prochaine étape sera l’appel décisif des catéchumènes qui aura lieu le 1er dimanche de Carême à Aubigny-sur-Nère le 18 février à 11h. En quoi consiste cet appel décisif ?

(FJB) Cet appel décisif, c’est le moment où l’évêque  appelle chaque catéchumène à se prononcer pour savoir s’il souhaite cheminer vers ce baptême. Chaque personne est appelée à répondre « oui ».  C’est un peu comme Samuel qui est appelé dans la  nuit (1S, 3). Samuel, se retournant, voit son maître qui lui dit : « Tu diras : "Parle, Seigneur, ton serviteur écoute" » (1S, 3, 9). Chacun est appelé à répondre en tant que serviteur, serviteur de l’amour de Dieu et à cheminer vers ce baptême.

Nous accueillerons 70 personnes environ qui chemineront vers ce baptême. Ça sera l’occasion aussi de pouvoir percevoir cette dimension ecclésiale puisque cet appel n’a pas lieu chaque année au même endroit. On pourrait se dire : l’appel décisif aura lieu à la cathédrale de Bourges, c’est l’église centrale de notre diocèse. Eh bien non ! L’Église étant universelle, notre diocèse étant en plus étendu sur deux départements, il est important que l’on puisse se tourner vers les paroisses qui pour l’instant n’ont pas vécu ce temps de l’appel décisif. Cette année, nous nous tournerons vers Aubigny-sur-Nère, où plusieurs catéchumènes, plusieurs cheminants également vers les différents sacrements sont présents. Cette dimension d’aller dans diverses paroisses, ça permet à chaque personne de pouvoir trouver un point d’appui et à s’ouvrir à cette dimension diocésaine.

C’est important en tant qu’évêque d’appeler ces catéchumènes pour vous, Monseigneur ?

(JB) C’est même dans la mission spécifique de l’évêque. Normalement, il n’y a que l’évêque qui peut appeler en vue du baptême. Ce n’est jamais le curé de la paroisse, l’accompagnateur ou autre. Ce n’est pas de l’ordre d’un appel dans une dimension affective, c’est la dimension de l’appel de Dieu.

C’est l’évêque en tant que successeur des apôtres qui, comme le Christ appelle ses apôtres, appelle ses disciples à être autour de lui et à devenir disciples. C’est vraiment la mission de l’évêque d’appeler ces hommes et ces femmes à devenir disciples du Christ. Non pas disciples du Christ dans une bonne bande, mais disciples du Christ dans la cohésion du corps du Christ qu’est l’Église, dont le Christ est la tête et dont le successeur des apôtres, l’évêque est le signe de ce Christ, tête pour le corps.

Cet appel décisif des catéchumènes aura lieu à Aubigny-sur-Nère. Si nous souhaitons participer, nous unir par la prière, soutenir ces catéchumènes, sommes-nous invités à la célébration ?

(FJB) Oui, bien sûr. Autant l’équipe diocésaine que la paroisse seront heureuses de vous accueillir et en plus cela renforcera cette dimension diocésaine. La célébration a lieu à 11h en l’église d’Aubigny-sur-Nère.

Quelles sont les étapes suivantes pour les catéchumènes ? Seront-elles vécues en paroisse ?

(FJB) Oui, ensuite, après ce 1er dimanche de Carême, lors des 3e, 4e et 5e dimanches de Carême, ils vivront les scrutins en paroisse avec différents rites liés à leur cheminement vers le baptême qui aura lieu pour chacun dans leur propre paroisse la nuit de Pâques, ou le dimanche de Pâques s’ils n’ont pas pu être présents, en accord avec leur prêtre. Ensuite, il y aura une journée de récollection pour ceux qui cheminent vers la confirmation, à la Maison diocésaine de Bourges début mai. Puis, la journée de la confirmation se déroulera à la cathédrale de Bourges pour la Pentecôte.

Peut-être une dernière information si certaines personnes ont été touchées par ce qui a été dit, et qui souhaitent justement cheminer vers le Christ, faire un pas vers ces sacrements, à qui doivent-elles s’adresser ?

(FJB) J’invite chacun à se tourner en premier lieu vers sa paroisse, puisque les cheminements se font en paroisse. Mais aussi , comme cela a pu arriver les dernières années, via le site internet de notre diocèse, ou directement à l’adresse : catechumenat@diocese-bourges.org

Cette interview est à écouter sur RCF en Berry  le vendredi 16/02 à 12h03, rediffusée le même jour à 19h15 et le samedi 17/02 à 9h03. Rdv sur https://www.rcf.fr/actualite/vitamine-c-berry