La crèche retrouvée de la basilique Notre-Dame des Enfants — Diocèse de Bourges

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La crèche retrouvée de la basilique Notre-Dame des Enfants

"Le miracle de Noël", c'est ainsi que commence le supplément de "L'Écho de Notre-Dame des Enfants" consacré à la crèche retrouvée de la basilique Notre-Dame des Enfants. Après 30 ans d'absence, la crèche est de retour à Châteauneuf-sur-Cher.
L'ECHO de notre-Dame des Enfants
Supplément consacré à la Crèche

"Le miracle de Noël"

Tout commence début octobre 2019. Le téléphone sonne au presbytère Une personne informe le recteur qu’une crèche de 14 personnages de grande taille est à vendre sur un site bien connu de commerce en ligne (voir photo). Les vendeurs ne cachent nullement l’origine de leur bien : la basilique Notre-Dame des Enfants, dans le diocèse de Bourges.

Surprise totale pour le recteur !

Après une première enquête rapide, les anciens du village confirment l’existence d’une « grande crèche » qui avait été remplacée par une crèche vivante dans les années 80. Un historien local apporte d’autres documents, puis une recherche approfondie, dans les Archives départementales du Cher, révèle qu’elle avait été achetée en 1887, auprès de l’Institut catholique de Vaucouleurs (Meuse), fondé par le sculpteur Martin Pierson (voir photo du catalogue original). Il se trouve que le magnifique « Chemin de croix » qui orne la basilique provient de la même usine de fabrication d’objets religieux. M. Pierson était un artiste réputé, et les personnages qu’il a créé avec ses collaborateurs sont d’une qualité exceptionnelle.

De plus, l’inventaire réalisé par l’administration au moment de la séparation de l’Église et de l’État, en janvier 1906, dont une copie est conservée aux Archives, confirme la présence de cet ensemble dans l’église au début du XXe siècle. Elle atteste par conséquent aussi qu’elle est propriété inaliénable de la commune de Châteauneuf-sur-Cher. Les événements de 1905 ont, comme chacun le sait, transféré toutes les propriétés des paroisses (y compris les objets) aux municipalités.

Il apparaît que la crèche a été vendue en toute bonne foi par le curé de l’époque, à un antiquaire de la région lui-même ignorant du statut juridique des objets. Là où le doigt de la Providence est intervenu, c’est que cet antiquaire s’installant dans le Midi, il revend la crèche à des personnes résidant dans la commune de Nîmes, seule ville de France où se trouve une autre église dédiée à Notre-Dame des Enfants. Les autorités municipales et diocésaines sont immédiatement averties de cette « découverte », et la nouvelle commence à se répandre.

Aux vues de ces informations, la personne qui avait contacté le recteur en vue d’un achat, renonce à son projet. Le statut juridique de la crèche ne lui parait pas suffisamment clair, au regard de la loi française. Grâce à ses réseaux et sa compétence, elle est néanmoins en mesure de fournir une estimation réaliste de la valeur cet ensemble, sur un plan financier, bien loin des prétentions des vendeurs. La voie est donc libre pour leur tenter de faire affaire avec eux.

 

Par ailleurs, en parfait accord avec M. le Maire de Châteauneuf, il est décidé de donner toute la publicité possible à l’événement qui dépasse largement le cadre de la paroisse. Les habitants du bourg sont même sollicités pour signer une pétition appuyant le maire et le curé pour faire revenir la crèche dans son lieu d’origine. La télévision régionale et la presse relaient largement l’information. Elle parvient même dans le Sud, où le journal le Midi Libre se fait l’écho de la position des possesseurs. Même les réseaux sociaux s’intéressent au sort de cette crèche puisqu’il existe, en particulier sur Facebook, des groupes d’amateurs passionnés par les crèches de cette époque.

S’ensuivent plusieurs mois de négociations entre le recteur et les vendeurs. L’appui d’un mécène permet de faire une offre à la fois généreuse et raisonnable, tout en tournant la page sur les irrégularités des procédures de transfert de la crèche. La municipalité appuie cette démarche.

Nous passerons un voile pudique sur le contenu de ces négociations qui furent, c’est tout ce que l’on peut dire, « compliquées » et ou les possesseurs soufflèrent le chaud et le froid. Finalement, après avoir donné leur accord verbalement, fin 2019, ils mettent fin unilatéralement à la négociation, tout en remettant leur bien en vente sur internet.

C’était l’impasse. La première !

Monsieur le Maire de Châteauneuf prend alors l’affaire à son compte. Il considère qu’il ne peut abandonner ce bien de la commune. Il envisage diverses procédures juridiques, avant de constater que seule une procédure administrative auprès du Tribunal administratif de Nîmes est possible.

Malheureusement, cette démarche est compliquée et coûteuse pour une petite commune comme Châteauneuf. Elle paraissait inenvisageable.

 

C’est là que la Providence intervint une deuxième fois.

 

L’écho de cette affaire avait retenti dans tout le département du Cher. Monsieur Pelletier reçoit un beau matin un courriel ainsi libellé : « Cher confrère, j’ai pris connaissance de l’histoire de la crèche. Il faut s’entraider entre petites communes. Avocat au Barreau de Paris, je m’intéresse particulièrement aux questions de restitution d’œuvres d’art. Je vous propos mes services, gracieusement bien entendu ». Signé : C. Fischer, maire de Saint-Céols (Cher). Vous pouvez imaginer non seulement la surprise du maire, mais celle du curé ! Contact pris, Me Fischer indique la marche à suivre.

 

Sur ces entrefaites, la crise sanitaire éclate, les démarches vont être rendues bien plus lentes que prévues.

C’est seulement vers le mois d’octobre que la procédure juridique administrative commence. Avant d’aller au procès, il est de coutume que la partie qui demande offre un « compromis », avec compensation financière. Une fois de plus l’Archiconfrérie offre d’assurer la partie matérielle prenant la compensation à sa charge. Ainsi la dispute pourrait se résoudre définitivement. Après bien des tergiversations, les possesseurs finissent par refuser cette seconde offre. Le procès est fixé par le juge de Nîmes en date du 6 janvier 2021, fête de l’Épiphanie (cela ne s’invente pas !).

 

Une fois de plus, les choses semblent renvoyées aux calendes grecques, puisque chacun connaît les délais de la justice aujourd’hui. Les fêtes de Noël approchant, il faut se résoudre à installer une crèche dans la basilique, avec les personnages disponibles.

Une nouvelle fois, la situation semble bloquée.

Le matin du 24 décembre, en allant ouvrir la basilique, le recteur tombe nez à nez avec une personne qui lui déclare : « Je suis le possesseur de la crèche. Je viens vous la restituer ». Stupéfaction ! Des représentants du conseil municipal et de la paroisse, rapidement alertés, viennent se rendre compte de la surprise. En définitive, aucune transaction financière n’était demandée.

 

Hélas, les délais furent trop courts pour installer la crèche avant la messe de minuit. De plus, si leur séjour dans un garage pendant 30 ans les avait préservés de dégradations importantes, les personnages étaient poussiéreux. Un nettoyage s’imposait. Le travail acharné de plusieurs paroissiens permet de rendre à chaque personnage un peu de son éclat d’antan. Ce travail permettait de découvrir la qualité artistique des personnages. La crèche se compose de 14 personnages, dont 6 bergers (les deux plus grands mesurent environ 1,20m).

 

La mobilisation des bonnes volontés permet aussi rapidement d’installer une estrade et un cadre digne dans la « Chapelle de Maillé », à l’intérieur de la basilique, là même où elle se trouvait en 1906.

 

Le 6 février 2021, fête de la Chandeleur, en présence de M. le Maire de Châteauneuf, William Pelletier, et du conseil municipal au grand complet, de Me C. Fischer et de son épouse, et d’une assistance nombreuse, la crèche est inaugurée. La presse locale s’est mobilisée largement et la crèche fait la une du Berry Républicain. Un article sur deux pages entières expose toute l’histoire aux lecteurs du département.

 

Après les discours, le ruban est coupé, selon la tradition. La crèche est exposée sera exposé pendant toute la durée des vacances scolaires. En voie de restauration, elle est exposée désormais chaque hiver, pendant les fêtes de Noël et de l’Epiphanie.

Abbé Hervé Benoît, 
Recteur du Sanctuaire Notre-Dame des Enfants
Châteauneuf-sur-Cher

Venez découvrir la crèche du Sanctuaire Notre-Dame des Enfants
La crèche est exposée dans la Basilique du 17décembre au 7 janvier de 14h à 18h à Châteauneuf-sur-Cher
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