Diacres et leurs épouses à Assise — Diocèse de Bourges

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Diacres et leurs épouses à Assise

Echos d'un pèlerin.

 

Je situais Assise en Italie, comme un point sur une carte, sans d'autres références que l'évocation d'un saint François et d'une sainte Claire. Du 12 au 15 mars 2022, j'ai pu éprouver par les pieds cette ville fortifiée accrochée au flanc d'une montagne ! C'est une terre d'élection où les présences des deux saints d'Assise sont abondantes. C'est ce que nous avons découvert avec joie dans ce mini-pèlerinage avec cinq autres diacres et leurs épouses, du diocèse de Bourges et Stéphane de Maîstre, notre accompagnateur-prêtre, franciscain dans l'âme.

En nous rendant à la basilique sainte-Claire nous avons contemplé l'immense plaine devant Assise, ville fortifiée, parsemée sur ses flancs de champs d'oliviers. En écoutant quelques faits moyenâgeux du XIIe s. : fin de la féodalité, développement des cités, croisades en Terre sainte, nous avons touché du doigt les agitations propres à ce temps et ce que devait vivre François, véritables tiraillements entre ciel et terre, riches et pauvres... C'est dans ce tournant de l'histoire que François fait la rencontre du Christ à San Damiano. Émerveillement devant ce grand Christ en croix aux yeux ouverts, comme transfiguré, véritable tableau que nous a commenté mon épouse. Cet « appel à vivre l'évangile » : c'est aussi l'appel que reçoit tout diacre et tout baptisé, et la prière est un chemin : devant ce Christ, devant les reliques de sainte Claire, dans le petit monastère de San Damiano où nous communions aux Vêpres chantées des franciscains. Assister au coucher de soleil comme saint François aimait le faire ici à Assise. Assise, assis : un lieu, une posture. Nous sommes bien, l'espace de ce mini-pèlerinage, loin de notre agitation quotidienne...

Hébergés au couvent sainte Colette tenu par des Clarisses venues à l'origine de Paray-le-Monial, nous avons la chance de rencontrer sœur Rosalloa, mexicaine vivant en Italie et parlant le français. Un partage fraternel autour de sa vie contemplative rythmée par la liturgie des Heures et notre ministère diaconal : ce sera l'occasion aussi d'évoquer chacun notre tour ce qui nous habite et de nous rendre compte que nous n'avons jamais fini d'apprendre sur nos frères et sœurs ; d'où le bienfait d'un pèlerinage.

Évocation de la « joie parfaite » (cf. Les Fioretti, chapitre 8) lorsque François cheminait avec un frère à Sainte-Marie-des-Anges où nous découvrîmes le Portioncule, mini-chapelle, probablement érigée au IVe s. Portioncule signifie petite portion. C'est ici que saint François fonde l'ordre des Frères Mineurs en 1209. C'est aussi la 3e église que saint François restaure, « couverte » au XVIe s. d'une immense basilique papale. J'ai, comme tressailli, en restant quelques instants devant le panneau disposé dans le chœur de ce Portioncule, à la ressemblance d'une iconostase orthodoxe avec en son centre l'Annonciation que nous fêtons en cette fin mars. Plus tard, nous aurons le loisir d'admirer de nombreuses fresques dans la basilique Saint-François, œuvres de Giotto, Cimabue, Lorezetti. Chaque fresque est une mise en scène de la vie du Poverello. Notre accompagnateur nous fait remarquer, sur une fresque de la Nativité, les ornements diaconaux portés par saint François comme la dalmatique (sorte de chasuble à manches portée lors de grandes fêtes). Ce qui me porte à évoquer notre arrêt, sur notre retour à Rome, à Greccio où à Noël 1223 François dépose une statuette en terre cuite de l'Enfant Jésus entre l'âne et le bœuf dans une grotte reconstituée.

Nous avons désiré, dans notre programme, rencontrer la Communauté de Boze fixée sur un flanc de la montagne d'Assise. Communauté monastique d'hommes et de femmes provenant d’Églises chrétiennes différentes qui recherchent Dieu dans la communion fraternelle et l'obéissance à l'évangile. Ainsi un moine nous fit découvrir la lumineuse crypte de l'église de San Masseo érigé au XIe s. avant de nous évoquer son travail à la vigne et sa vie de prière.

Je ne peux « refermer » temporairement (car il m'a laissé des traces à méditer) ce pèlerinage sans revenir au chemin parcouru par mes pieds ! Randonner d'Assise à l'ermitage des Carceri vaut bien une randonnée dans les Alpes : 400 m de dénivelé positif (et retour) mérite une messe d'action de grâces en plein air. Lors de la montée, le silence s'est peu à peu installé entre nous, temps de désert et de cailloux pour lâcher nos pesanteurs, nos interrogations, se vider en quelque sorte pour mieux se nourrir de Jésus-hostie à l'ermitage. Chemin de croix pour certains, bienveillance pour d'autres, 2e Béatitude pour tous « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés ! » (Mt 5, 4), c'est bien par les pieds que nous avons rencontré François et Claire d'Assise.

Jean-Pierre Brunet