Obsèques du père André Privat — Diocèse de Bourges

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Obsèques du père André Privat

Les obsèques du père André Privat ont été célébrées le jeudi 31 août à 14h30 en l’église Saint-Christophe de Châteauroux. Retrouvez sa biographie, et l'homélie prononcée par Mgr François Kalist, archevêque de Clermont, lors de la célébration.

Le père André Privat est décédé ce dimanche 27 août à l’âge de 90 ans. Ses obsèques ont été célébrées jeudi 31 août en l’église Saint-Christophe de Châteauroux et présidées par Mgr Jérôme Beau, archevêque de Bourges, en présence de Mgr François Kalist, archevêque de Clermont.

Les obsèques  en l'église Saint-Christophe de Châteauroux

C'est au cours d'une célébration pleine de ferveur que chacun a pu rendre hommage au père André Privat : un prêtre "fidèle en amitié" a rappelé le père Stéphane Maritaud, "jamais hautain, jamais suffisant", qui a cherché en chacun et en chaque œuvre, "Celui qui donne la Sagesse : le Créateur, le Christ" (P. Stéphane Maritaud).

Écoutez l'homélie prononcée par Mgr François Kalist, archevêque de Clermont

Le texte de l'homélie de Mgr François Kalist

Chers frères et sœurs,

Sans doute y a-t-il au fond de nos cœurs, cet après-midi, un peu de tristesse. André nous a quittés et nous éprouvons le vide de la séparation, nous devons renoncer à la présence d’un proche, d’un confrère, d’un ami. Cette absence nous rappelle notre fragilité, notre finitude. Nous savons que la vie s’amenuise et s’achemine vers un terme inexorable. Nous avons peut-être aussi le regret d’avoir manqué quelque chose, une visite, une attention, une dernière parole. Mais il me semble que ce qui domine cet après-midi dans nos cœurs, c’est plutôt la reconnaissance pour tout ce qu’André nous a donné ; je dirais même : une forme d’admiration pour ce qu’il a vécu parmi nous. En-dehors de toute référence à la foi, nous pouvons déjà penser que tout ce qui a été vécu de bon, tout ce qui a été construit de solide, tout ce qui a fait sens, perdure en quelque manière dans nos vies, nos œuvres, nos apostolats. Mais à cause de Jésus-Christ, il nous est permis d’espérer encore bien davantage.

Les lectures que nous venons d’entendre donnent toute sa mesure à notre espérance. Elles expriment, sous des mots différents, un même message. « Si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous dit saint Paul, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui ». Nous avons reçu le baptême dans la mort de Jésus-Christ, afin de mener une vie nouvelle, la vie même du ressuscité. Par l’amour de Dieu, nous sommes à jamais associés à la gloire du Christ, à sa victoire sur la mort. L’évangile selon saint Matthieu nous oriente vers ce même horizon. Il met en scène le jugement dernier à l’issue duquel « les justes recevront en héritage le royaume préparé pour eux depuis la création du monde ». Or, qui sont les justes ? Non pas ceux qui ont brillé par une pratique tout extérieure de la loi, mais ceux qui ont reconnu le pauvre, l’indigent, l’exclu, l’autre quel qu’il soit, dans son besoin vital (« j’avais faim, j’avais soif, j’étais un étranger, j’étais nu, j’étais malade, j’étais en prison »), et qui l’ont secouru dans sa détresse. Sans qu’ils en aient conscience, c’est le Christ qu’ils ont ainsi reconnu et servi : « Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu ? – Je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ».
Reconnaître Jésus-Christ en tout être humain, spécialement le plus humble, le plus fragile, l’aimer et le servir, le soigner, le relever, l’accompagner, respecter sa dignité, éveiller sa liberté et sa responsabilité, ouvrir son cœur au sens des autres, au sens de Dieu, n’est-ce pas la vocation de tout baptisé, et notamment de tout prêtre ? C’est la voie qu’André a choisi de suivre. J’évoquerai simplement quelques aspects de son itinéraire, en forme d’action de grâce et en témoignage de profonde reconnaissance.

André est né en 1933, il a été ordonné prêtre en 1960, à la veille du concile Vatican II. C’est une période de grandes tensions entre un monde qui passe et un monde qui naît, c’est une période féconde pour l’Eglise, riche d’initiatives missionnaires. André, par suite des liens tissés avec des confrères prêtres et des laïcs du monde ouvrier, consacrera à la Mission ouvrière une grande part de son ministère de prêtre. On peut dire qu’il a parfaitement vécu cette double fidélité, à Jésus-Christ et au monde ouvrier. J’ai fait sa connaissance en 1980, à Châteauroux, où il fut mon premier maître de stage. J’arrivais du séminaire, je ne connaissais à peu près rien. André m’avait été donné comme accompagnateur pour un temps pendant les vacances, et il m’a fait connaître le quartier qu’il habitait, le réseau de relations qu’il entretenait, quantité de gens pour lesquels j’ai gardé estime et reconnaissance. André a été pour moi un initiateur, non pas quelqu’un qui cherchait à rendre son disciple semblable à lui-même, à le formater ou à l’endoctriner, mais quelqu’un qui avait un infini respect de la liberté et de l’histoire de son interlocuteur. Par la suite, à Paris, je l’ai connu comme secrétaire national de la Mission ouvrière. Plus tard, à Vierzon, il fut mon curé, aussi pertinent en paroisse que dans l’aumônerie des mouvements d’action catholique.

Ce qui m’aura le plus marqué dans le témoignage d’André, c’est sa manière de se situer à l’égard des autres, de se mettre à l’écoute, avec attention, et plus que cela : avec sympathie, avec empathie, avec une curiosité discrète, une grande délicatesse. André avait un don exceptionnel pour faire exister son interlocuteur, pour lui donner sa place, pour mettre en relief ce qu’il faisait de bon, pour le questionner aussi, afin de le faire grandir. Et cela, à l’égard de tous. Il n’y avait jamais personne pour lui qui fût sans intérêt. André a voulu être prêtre et pasteur jusqu’à l’extrême limite de ses forces. J’évoquerai son séjour à Ménetou-Ratel, extrêmement actif bien que déjà dans les années de retraite, et les dernières années à l’Ehpad de la Chaume, où il faisait encore des escapades à Paris, inscrit comme auditeur au Centre Sèvres, car il n’a jamais renoncé à approfondir sa foi. Homme de prière, toujours passionné par la recherche théologique, attentif à tous les domaines de la culture (littéraire, musicale, théâtrale), c’était un homme convivial, patient (envers ses vicaires !), persévérant, tenace, exigeant aussi, capable de quelques agacements et saintes colères, mais sans le moindre ressentiment, solidaire toujours, ouvert à la mission universelle : il avait continué les liens tissés par son prédécesseur le P. Jacques Turpin, au Liban avec le P. Georges Abdallah (qui nous assure aujourd’hui de sa communion dans la prière), en Tunisie autour de sainte Perpétue.

André a été un bon et loyal serviteur de Jésus-Christ, à travers tous ceux qu’il a rencontrés et auxquels il a donné le meilleur pour qu’ils puissent exister eux-mêmes. Nous lui devons beaucoup. Aujourd’hui nous voulons faire mémoire de tout cela. Et avec la grâce de Dieu, essayer de suivre le même chemin, vivre de ce meilleur qu’il nous a transmis, attentifs à reconnaître dans chaque frère ou sœur, l’image de Jésus-Christ, attentifs en particulier à ceux qui ont faim et soif, à ceux qui sont étrangers, nus, malades ou en prison, à tous ces petits, à tous ces exclus, à tous ceux que l’on ignore, que l’on ne remarque pas, et à qui André donnait toujours la première place. Remettons, frères et sœurs, tout cela dans cette eucharistie entre les mains de ce même Christ, à qui André avait remis toute sa vie d’homme et de prêtre, et de qui, nous en sommes certains, il reçoit déjà la juste récompense.

+ François Kalist

Biographie du père André Privat

André Privat est né le 14 juillet 1933 à Aigurande. Marqué par le guerre d’Algérie où il sera blessé en 1957, il revient à Bourges en 1958 et est ordonné prêtre le 12 décembre 1960. Le père Privat restera 26 ans sur Châteauroux. D’abord vicaire à St-André, il accompagne rapidement les mouvements d’action catholique : aumônier de secteur JOCF, aumônier diocésain de l’ACO, de l’ACGH. Il est nommé délégué diocésain à la Mission ouvrière en 1978.

Coordinateur de la zone pastorale de Châteauroux en 1980, il est nommé sur les paroisses du Poinçonnet (vicaire-économe) et de St-Joseph-Ouvrier (vicaire coopérateur) en 1981. En 1985, il est nommé secrétaire national adjoint de la Mission ouvrière et un an plus tard, secrétaire national de la Mission ouvrière, jusqu’en 1992. Entre 1992 et 2002, le père André Privat exerce son ministère sur le doyenné de Vierzon dont il sera le doyen. Lui revient aussi la charge du service diocésain du catéchuménat. En 2002, il est nommé doyen pour le doyenné de Châteauroux et curé de la paroisse St-Gildas. Il devient vicaire épiscopal chargé de l’accompagnement des doyennés urbains du
diocèse : Bourges, Châteauroux, Vierzon.

En 2008, il est nommé en ministère de disponibilité dans le Sancerrois ; il réside alors à Menetou-Ratel. Il continue à suivre des cours à Paris, à l’Institut Catholique et au Centre Sèvres.

Depuis 2017, il avait rejoint l’EHPAD de la Chaume à Issoudun. En 2011, il avait été nommé chanoine du Chapitre Cathédral.

Un article du Berry Républicain publié le 29 décembre 1997, présentait le père Privat en ces termes :
« Grâce à ses amitiés au séminaire, il est entré en relation avec la jeunesse ouvrière chrétienne. Il en a épousé les convictions. Avait envie d’être proche des gens. Avoue aimer l’histoire. La culture. Les mouvements d’idées. Lire. Plus que tout, aime converser avec les gens. Le but : découvrir leur paysage mental. Et leurs centres d’intérêts ».

Au moment de son départ de Vierzon en 2002, il faisait cette profession de foi : « Merci ! Si nous nous sommes réunis, c’est grâce à Jésus-Christ. Sans lui, nous ne nous serions jamais rencontrés ».

 

« Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître » Mt 25,21